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VENEZUELA - La vérité sur la lutte indigène contre le charbon

Thierry Deronne

mardi 26 septembre 2006, par Thierry Deronne

Ce soir, 22 août 2006, les indigènes Bari prennent de nouveau la parole sur Vive. C´est “l´heure des mangues”, un concert participatif, humble, moulé sur le temps de la parole collective, traversée par les sons des instruments d´argile, les vols courts des poules.

C´est le temps de la discussion politique, de la communauté Bari assise sous les palmes, accompagnée par les cadreurs de Vive et leurs micros haut perchés qui montent et descendent vers une voix, deux, trois, quinze. “Les hommes blancs, leurs compagnies nous ont tués, tuent nos animaux, nous chassent, c´était leur passe-temps de nous chasser, aujourd´hui nous sommes presque en train de mourir, c´est pourquoi nous discutons avec Chavez, nous demandons a Chavez qu´il nous écoute, pour qu´ils n´exploitent pas le charbon, ici la majorité nous voulons chasser, pêcher, les tortues, le poisson, nous perdons l´art de la vannerie, nous voulons enseigner de génération en génération, nous voulons travailler avec le bétail, les porcs, les volailles, nous sommes disposés au travail..." Pour Vive, Daniel Castro s´est assis sur la terre battue, ocre, luisante à l´ombre du toit de palmes collectif, pour les écouter et hasarder une question, éternel complice de la parole indigène. Vive a pris le parti depuis le début des indigènes, en multipliant les reportages sur leur lutte.

Quelques groupes écolo-postmodernes, peu enracinés socialement mais connectés à internet (l´un va souvent avec l´autre..) avaient vu dans cette lutte contre l´exploitation du charbon par des indigènes l´occasion de se distancer de Chávez et de son Etat, de préserver leur virginité. Au Forum Social de Caracas, les clichés avaient bien fonctionné et quelques articles relayés par la "presse alternative”, avaient enfin leur sujet : Chavez “allié des multinationales" (sic) versus les “indigènes”, ces éternelles antinomies de tout Etat. Alors que l´Etat issu du processus bolivarien (comme du bolivien) a fait plus que tous les mouvements écologistes pour la minorite indigène du Venezuela (démarcation des territoires, réforme agraire, missions éducatives indigènes, députés indigènes a l´Assemblée Nationale, etc..). Mais en Europe des militants se sont mis à douter à la lecture de ces articles : “et si ce méchant populiste militaire Chavez était en train de piétiner les droits des peuples indigènes ?".

Le thème indigène est un classique de la plus-value médiatique. La méthode avait fonctionné dans les années 80 pour saper le soutien international à la révolution sandiniste, accusée par Alexander Haig et le Figaro Magazine, photo double page couleurs à l´appui, de "massacrer les indiens miskitos" (quelques mois avant qu´Amnesty n´émette un rapport démentant toute mort, le mensonge avait déjà fait effet sur les consciences).

Daniel m´écrit pour révéler quelques points d´une enquête menée sur place, à douze heures de route de Caracas, depuis des années :

a) La lutte pour éviter la production de charbon à Perijá, région montagneuse de l´Etat du Zulia, à la frontière de Colombie, ne date pas de Chávez. Elle dure depuis vingt ans. L´intérêt des gouvernements vénézuéliens pour l´exploitation du charbon est bien antérieure au traité de libre-échange avec les Etats-Unis. C´est précisément sous le processus révolutionnaire qu´ont été prises les premières mesures écologiques au sujet du charbon. Beaucoup de ces mesures n´étaient qu´une simple utopie il y a quelques années.

b) L´an passé a été déclaré, et cette année décrété, l´arrêt radical de toute production de charbon sur les lots de terres que contrôlent Corpozulia et Carbozulia dans la Sierra de Perijá. Ces entreprises sont liées au gouvernement national et à l´entreprise nationale du pétrole PDVSA, acteurs de l´Etat qui soutiennent que le modèle de développement stratégique doit passer par le charbon. Ce qui met un terme provisoire aux luttes que depuis vingt ans ont menées des groupes écologiques pour faire cesser l´exploitation du charbon en Perija. Il reste à déterminer le destin de concessions octroyées à des transnationales dans la zone.

c) Dans la lecture publique que le président Chávez a faite des budgets octroyés à Corpozulia au début de l´année, il n´a tout simplement pas mentionné le charbon.

d) Le président Chávez a déclaré deux fois à la télévision : “si on ne me prouve pas par des études que l´extraction de ce charbon ne va pas détruire les forêts et les fleuves de la zone… je regrette, mais ce charbon restera sous terre”. La deuxième fois, il l´a répété face aux députés de l´Etat du Zulia, tous engagés (jusqu´alors, semble-t-il) en faveur du charbon qu´extraient les transnationales à travers des concessions octroyées sur les fleuves Cachirí, Socuy et Maché. A la suite de la campagne nourrie en faveur du charbon initiée par tous les moyens depuis Corpozulia, cette déclaration a le mérite de la clarté : pas d´exploitation en cas de risque écologique e) Les rumeurs selon lesquelles le président Chávez a déjà pris une décision sur base des études présentées par le ministère de l´Environnement, lesquelles démontrent que l´exploitation du charbon menace substantiellement l´écologie et l´équilibre hydrologique, ont déjà mobilisé des milliers d´ouvriers indigènes Wayuu, inquiets de perdre leur travail. Les manifestations de rue et les déclarations radio révèlent une alliance entre Carbozulia et les mineurs indigènes pour empêcher la décision du président et de la Ministre de l´Environnement Jaqueline Faría.

f) Il faut reconnaître l´importance des mobilisations écologistes, ainsi que le travail de Vive dont les reportages, diffusés sur un plan national en tant que chaîne d´Etat créée par le président Chávez, ont servi de rapport direct sur la situation et ont contribué à faire évoluer la politique de l´Etat dans la zone de Perija. Reconnaître la constance des mouvements indigènes dans la lutte contre le charbon (dont certains, il faut le dire, refusent de s´allier à des groupes écologistes qui usent parfois de tactiques visant à déstabiliser le gouvernement Chávez). Ainsi que le courage de l´actuelle Ministre de l´Environnement. De quoi refuser les simplismes manipulateurs.


Thierry Deronne est vice-président de ViVe Tv.

Texte publié initialement sur le blog de l’auteur.

responsabilite

Messages

  • Bonjour !
    Je vais vous envoyer un article très importante (en espagnol) du journal : Venezuela analítica. Il parle de la massacre de la Paragua (une région de l’état de Bolívar au sud du Venezuela)où la Force Armé National vénézuélienne (FAN)a tué 13 personnes. 6 des victimes ont été des indigènes : 3 fillettes de l’ethnie Pemón et 4 minières.
    Merci


    "El Papelón de Las FAN"
    Mariahé Pabón - Notitarde - Venezuela

    Sábado, 30 de septiembre de 2006

    http://www.analitica.com/mujeranalitica/lasmujeresopinan/7205280.asp


    De no haber sobrevivido Manuel Felipe Fernández Lizardi a la masacre de La Paragua, la historia de lo ocurrido en la mina Papelón de Picachos de Turumbán, Estado Bolívar, hubiese cambiado en labios del Fiscal General Isaías Rodríguez, novelista del proceso, de cuyas versiones tenemos bastante tela para cortar.
    Pero el testigo se hizo el muerto y contó en detalle los pormenores de una barbarie que supone la masacre de 13 personas : 6 indígenas, 3 niñas de la etnia pemón y 4 mineros de La Pava, según lo relata en el lugar de los hechos la periodista de El Nacional, Lorena Cañas.

    Estas trece víctimas habrían fallecido por el exceso en el uso de las armas oficiales, cuando huían despavoridos en una curiara o simplemente quemados al ser envueltos en llamas. Lo cierto es que se encuentran desaparecidos y sólo han encontrado 6 cadáveres.

    Como siempre, sólo bastó que Chávez declarara que los militares habían hecho uso "excesivo" de sus armas, para que Baduel y Chacón, cambiaran sus respectivas presunciones, aun cuando el Ministro de Justicia consideró "adecuado el operativo de comando como un plan para defender la cuenca del río", opinión que no contrasta con la de la Ministra del ambiente Jacqueline Faría, para quien la misión de rescate de las familias mineras, apartadas de su modo de sustento dentro de un proyecto de reconversión económica, ha sido pacífico, transparente y exitoso. ¿Quién dice la verdad ?.

    ¿Actuaron Por su cuenta ?

    Chacón, claro, deploró el "uso excesivo de la fuerza" y la pregunta que se nos ocurre es la de si entre los militares existen operativos en los que se manejen la persuasión, la palabra bonita, el discurso conciliatorio : "esa gente llegó maltratándonos, lanzó a varias personas al río Caura a medianoche, destruyó nuestras cosas y a muchos les echaron gasolina, los prendieron vivos y los agarraron a golpes". Es el testimonio de uno de los mineros llamado Angel Luis que corrió hacia el río con la camisa convertida en llamas y logró salvarse.

    No sé nada de milicias, ni de uniformados, pero en las películas de guerra he visto siempre que la mayoría de los operativos de asalto por sorpresa como éste de La Paragua, son ordenados desde arriba. Los matones cumplen instrucciones de sus superiores y se empalagan con sus víctimas. Eso, ocurre en el cine. En la realidad no sé si estos militares actuaron por su cuenta, porque estaban aburridos y se excitaron cuando les pusieron el nuevo fusil "K" en las manos ociosas o por el contrario, recibieron órdenes de Patria o muerte, por parte de algún Mayor Trisoleado.

    Recordemos que el General Rosendo no acató la orden de ejecutar el Plan Avila contra la marcha del 11 de Abril y por eso lo tienen en la mira del castigo.

    EL PAIS DE LOS EXCESOS

    Isaías Baduel, con voz de monje budista, pidió cordura a los habitantes de La Paragua, a quienes no les queda otro remedio que alzarse, gritar, pedir los cuerpos de sus muertos, llorar y destrozar lo que encuentren en su camino.

    ¿Se le puede pedir cordura a una madre y llamar a la tranquilidad a una esposa, un hijo, una amante, una hermana, un amigo que ha perdido a un ser amado en un exceso de fuerza por parte de los hijos de la patria ?Ï

    "A mi hermano Livaldo lo mataron brutalmente. Su pistola era un maletín de llave" dijo Pablo Sánchez, mientras Isabel García, sostuvo que las armas de los mineros eran la pala y la suruca.

    Exceso no de fuerza, sino de brutalidad, fue lo que ocurrió en ese lejano paraje venezolano en donde no todo lo que brilla es oro. Y exceso es la cifra que el propio Ministerio de Justicia divulga en sus boletines : 550 homicidios en un mes, al que se ha de agregar el de una turista italiana asesinada en Los Roques por unos fascinerosos que quisieron vengarse del dueño de la Posada en la que estaban alojados. Además del marido de la víctima, 20 periodistas italianos invitados a ese paraíso, dieron fe al mundo de lo frágil que es la seguridad en Venezuela.

    Voir en ligne : La FAN vénézuélienne tue 6 indigènes

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