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Lettre du CEFAL n°67 - décembre 2006

Le Comité épiscopal France Amérique Latine (CEFAL) : histoire et actualité

Père Philippe Kloeckner

dimanche 31 décembre 2006, par CEFAL

En 2007, nous allons célébrer l’anniversaire
de la parution de l’encyclique
« Fidei Donum » qui a redonné un
élan missionnaire à l’Église à travers
un engagement des Églises diocésaines.
Le CEFAL est né dans ce
contexte. Il nous a semblé intéressant
à cette occasion de proposer un bilan
de ce demi-siècle d’ouverture et de
dialogue avec l’Église présente dans
le continent latino-américain.

L’encyclique « Fidei Donum » (le don
de la Foi) de Pie XII du 21 avril 1957
portait en sous-titre : « sur la situation
des Missions catholiques, notamment
en Afrique ». L’encyclique évoquait
« les Missions d’Asie, d’Océanie, les
régions déchristianisées d’Europe et
les vastes contrées d’Amérique du
Sud », mais précisait qu’il semblait
opportun d’orienter les regards vers
l’Afrique (à la veille des indépendances).
« Le succès de l’évangélisation
appelle un accroissement proportionné
du nombre des apôtres. »

Le 25 septembre 1961, dans une lettre
adressée au cardinal Liénart,
évêque de Lille, Jean XXIII demande
à l’Église de France le même type
d’aide pour l’Amérique Latine. « Nous
voudrions que, sans porter préjudice
à l’effort magnifique consenti en
faveur du continent africain et des
missions dans le reste du monde, un
effort parallèle soit tenté, dans la
mesure du possible, en faveur de
l’Amérique Latine. » C’est en réponse
à cette demande que naît le Comité
Épiscopal France Amérique Latine, le
« CEFAL », avec comme premier président
Mgr Guy Riobé, évêque
d’Orléans, comme secrétaire national,
le Père Michel Quoist, et comme
vicaire général, présent dans le continent,
le père François de l’Espinay.
Très vite, le Comité prend une place
importante dans l’Église de France :
au-delà de l’aide ponctuelle par l’envoi
de prêtres diocésains prêtés
quelques années aux diocèses
d’Amérique Latine, (en une quarantaine
d’années, il en partira plus de 320)
la perspective est de créer un dialogue
entre Églises. Les prêtres français
apportent leur vision pastorale,
déjà enrichie du renouveau théologique
et exégétique des années 50,
qui a préparé le concile Vatican II et
ils font remonter en France l’engagement
de l’Église d’Amérique Latine
qui fait le choix prioritaire des pauvres
lors de la Conférence des évêques de
Medellin en 1968 à laquelle participe
le pape Paul VI. L’engagement des
Français est authentique : il va parfois
jusqu’au martyre.

« Fidei Donum », échange entre Églises : Delfin Tenesaca, du diocèse de Riobamba en Equateur présente la culture de son peuple quichua aux délégués du CEFAL réunis à Quito

Sur place dans le continent, les prêtres
diocésains rencontrent des religieuses
et des religieux français déjà
présents : le lien se crée, surtout
entre ceux qui sont entrés dans la
solidarité avec les plus pauvres, à la
suite du choix de Medellin. La rencontre
se structure et s’institutionnalise.
Dans chaque pays, des réunions, au
moins annuelles, ou bi-annuelles, se
mettent en place où se retrouvent les
missionnaires français qui le désirent,
prêtres diocésains, diacres, religieux,
religieuses, et bientôt laïcs, tous soucieux
de continuer à se former, à se
sensibiliser, à évaluer leur travail, à
prier, à célébrer, à faire remonter en
France leurs découvertes et aussi… à
se détendre. Le groupe élit un délégué,
aidé de deux autres personnes.
Ces délégués se réunissent une fois
par an dans un des pays d’Amérique
Latine en présence de l’évêque, président
du CEFAL et du prêtre, secrétaire
national.

Expertise – conseil

Du fait de toute cette histoire et de
cette structure toujours vivante, le
CEFAL est dans l’Église de France et
dans la société française un lieu ressource
grâce à sa connaissance des
réalités sociales, économiques et
politiques du continent sud-américain
et grâce à sa pratique ecclésiale
vécue dans ce contexte, que ce soit
au plan pastoral, caritatif, spirituel ou
liturgique.

L’Église d’Amérique Latine a dû
affronter des enjeux de société souvent
très dramatiques du fait de
conflits. Elle a été amenée à réfléchir
aux rapports Église État pour rester
fidèle à l’Évangile et au peuple
croyant.

Les membres du CEFAL rencontrent
également la réalité du dialogue interreligieux
du fait de la présence nombreuse
d’Églises diverses. Ils sont
aussi en permanence dans une
réflexion théologique sur la possibilité
« d’inculturer » la foi dans des contextes
religieux pré-chrétiens : le monde
des indiens (aymaras, quechuas,
mayas, mapuches, guaranis etc.) et
celui des noirs, que ce soit à Salvador
de Bahia au Brésil (candomblé), à
Haïti (vaudou) ou à Cuba (santería).

Formation – information

Le CEFAL contribue à informer l’Église
de France et la société française
des réalités du continent sud-américain.
Tous les 3 mois, il publie une lettre
qui s’efforce de faire remonter des
informations caractéristiques de
l’Amérique Latine. Cette information
traite de l’actualité en s’enracinant
dans l’histoire des cinquante dernières
années, spécialement l’histoire
des martyrs qui ont donné leur vie
pour avoir été solidaires de leurs frères
latinos-américains.

Le CEFAL participe à un travail de formation
dans le cadre du départ des
missionnaires ainsi que des coopérants
laïcs des organismes d’Église
ou liés à l’Église comme la DCC, la
FIDESCO, le SCD.

Enfin le CEFAL organise tous les ans
une session de 2 jours pour continuer
à assurer l’information et la formation
des anciens missionnaires et des
amis : ce sont « Les Journées du
CEFAL ».

On peut aussi signaler que le ministère
Français des Affaires Étrangères
consulte, et parfois, fait appel au
CEFAL pour intervenir dans des
débats sur la problématique religieuse
du continent, surtout avant le
départ d’ambassadeurs.

Animation pastorale et liturgique

Les anciens missionnaires d’Amérique
Latine se réengagent à leur
retour dans le travail pastoral en
France. Leur ouverture à l’international
et leur sensibilité aux problèmes
de société, suite à leur engagement
dans une Église solidaire des pauvres,
en conformité avec les options
des grandes conférences épiscopales
(Medellin, Puebla) les conduisent
à s’investir dans des quartiers populaires
en France. Ils participent souvent
à la pastorale des migrants et à
celle des prisons. Ils accompagnent
les personnes en difficulté comme les
sans-papiers ou les personnes qui
recherchent un logement.
Lors des « Journées du
CEFAL » en février ou mars,
a lieu un partage de toutes
ces expériences. L’insertion
ecclésiale vécue sur le
continent latino-américain
permet d’éclairer et d’inspirer
l’animation pastorale
dans laquelle les missionnaires
de retour s’inscrivent.
Leur histoire vécue leur permet
d’être sensibles à certaines
dimensions du travail
pastoral et de contribuer à
une réflexion pour permettre
aux chrétiens de s’engager
à construire un monde
plus juste dans ses rapports internationaux.
Les pédagogies de « conscientisation
 » et d’ « éducation populaire »,
pratiquées en Amérique Latine, s’avèrent
utiles dans les banlieues des
grandes villes de France pour assurer
une formation à des gens souvent
étrangers, récemment arrivés et qui
ont de la difficulté à s’intégrer dans
une culture occidentale qui leur est
étrangère et qui en plus, souvent, les
rejette. La connaissance des cultures
autres est également un atout dans
ces quartiers où des dizaines de
nationalités cohabitent.

Enfin, un dernier élément d’enrichissement,
dû à cet échange entre Églises,
qui peut être évoqué, c’est la pratique
liturgique des communautés
ecclésiales de base d’Amérique
Latine. Ces communautés se réunissent
pour partager la Parole de Dieu
et y confronter leur vie. Elles font
preuve de créativité pour célébrer leur
foi chrétienne vécue au service des
hommes dans la société conflictuelle
de leurs pays. Ces pratiques des
communautés ecclésiales de base,
où la participation des fidèles est
permanente, peuvent aider les
communautés paroissiales de l’Église
de France, en leur permettant non
pas de copier mais au contraire d’inventer
à leur tour une participation
des fidèles qui soit plus active et plus
festive.

Père Philippe KLOECKNER
Secrétaire national du CEFAL
10 ans « Fidei Donum » au Pérou.


Comité épiscopal France Amérique latine (CEFAL) - Lettre 67 - décembre 2006.

En cas de reproduction, mentionner au moins l’auteur, la source (Lettre du CEFAL) et l’adresse internet de l’article.

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