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AMÉRIQUE LATINE- Concentration croissante de la propriété foncière

Noticias Aliadas

jeudi 25 mai 2017, par Dial

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Ce texte, publié par Noticias Aliadas le 1er mai 2017, vient compléter l’article sur les spoliations de terres au Paraguay paru dans le numéro d’avril en montrant que, si le Paraguay est le cas le plus extrême, la répartitition inégalitaire de la terre et l’accélération actuelle de la concentration de la propriété foncière touchent l’ensemble de l’Amérique latine.


La répartition de la terre dans la région est la plus inégalitaire du monde.

L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, pour son sigle en anglais) a appelé le 5 avril à « améliorer la reconnaissance des droits de propriété foncière et leur répartition comme étape nécessaire pour éradiquer la faim et avancer vers les Objectifs de développement durable en Amérique latine et dans les Caraïbes ».

Selon un rapport publié par l’organisation humanitaire Oxfam en novembre 2016, intitulé « Desterrados : tierra, poder y desigualdad en América Latina » [« Arrachés à leurs terres : terres, pouvoir et inégalités en Amérique latine » [1] ], « l’inégalité économique et sociale est l’un des pires handicaps qui empêchent les sociétés latino-américaines d’atteindre un développement durable et représente un obstacle à leur croissance économique. Dans la région, les 32 personnes les plus privilégiées détiennent la même richesse que les 300 millions de personnes les plus pauvres. Cette inégalité économique est intimement liée à la possession de la terre car les actifs non financiers représentent 64% de la richesse totale ».

« La répartition de la terre est un problème historique et structurel en Amérique latine, depuis deux siècles : cette question, plus qu’aucune autre, a provoqué des guerres, des déplacements de personnes, des conflits sociaux, la faim et les inégalités » affirme le rapport de l’Oxfam.

L’Amérique latine présente la répartition de terres la plus inégalitaire de la planète, soutient la FAO. Le coefficient de Gini – qui mesure l’inégalité, où 0 est l’égalité parfaite et 1 l’inégalité parfaite – appliqué à la répartition de la terre atteint dans la région 0,79, dépassant largement celui de l’Europe (0,57), de l’Afrique (0,56) et de l’Asie (0,55).

« En Amérique du Sud l’inégalité est encore plus flagrante que dans la moyenne régionale – avec un coefficient de Gini de 0,85 – tandis qu’en Amérique centrale elle est légèrement inférieure à la moyenne, avec un coefficient de 0,75 » indique la FAO.

Aurélie Brès, qui travaille pour le département Propriété de la Terre et ressources naturelles à la FAO, précise que « la superficie des terres aux mains de petits propriétaires a subi une diminution importante, situation qui affecte essentiellement les femmes, qui ne possèdent que 8% des terres au Guatemala et 31% au Pérou, terres qui sont généralement de dimensions et de qualités inférieures à celles que possèdent les hommes ».

Actuellement la concentration de la propriété foncière a atteint un niveau plus élevé que celui qui existait avant les processus de réforme agraire initiés par certains pays latino-américains. Il faut ajouter à cela que 23% des terres dans la région sont gérées ou détenues par des peuples indiens.

« Les propriétaires légitimes ancestraux ont été spoliés de vastes superficies de forêts, de pâturages, de côtes et d’autres ressources en propriété communautaire. Leurs droits à la terre sont souvent bafoués », indique le rapport de l’Oxfam. « En conséquence, la concentration dans la répartition et le contrôle des terres est même désormais plus important qu’avant les politiques redistributives des années 1960. Mais le contrôle sur les terres s’exerce de multiples manières, au-delà de la question de la propriété. La location, les concessions, la production en fermage, ou le contrôle des échelons stratégiques dans les chaînes de valeur acquièrent de plus en plus d’importance et ont reconfiguré le pouvoir en lien avec la terre en un système complexe de relations commerciales, politiques et financières.

La FAO a recommandé aux pays latino-américains d’améliorer la gouvernance de la propriété de la terre, des forêts et des zones de pêche et de s’attaquer à la concentration croissante des terres, élément crucial pour réduire la pauvreté rurale et préserver les ressources naturelles.

Amérique latine : Coefficient de Gini pour la répartition des terres
Pays Coefficient de Gini [2] Dernière année disponible
Paraguay 0,93 2008
Chili 0.91 1997
Colombie 0,88 2009
Venezuela 0,88 1997
Brésil 0.87 2006
Pérou 0.86 1994
Guatemala 0,84 2003
Uruguay 0,84 2000
Argentine 0,83 1998
El Salvador 0,81 2001
Équateur 0,80 2000
Bolivie 0,77 1984
Panamá 0,77 2001
Nicaragua 0,72 2001
Costa Rica 0,67 sd

Source : OXFAM


 Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3410.
 Traduction de Françoise Couëdel pour Dial.
 Source (espagnol) : Noticias Aliadas, 1er mai 2017.

En cas de reproduction, mentionner au moins l’auteur, la traductrice, la source française (Dial - www.dial-infos.org) et l’adresse internet de l’article.

responsabilite


[1Un résumé est disponible en français – note DIAL.

[20 correspond à l’égalité parfaite et 1 à l’inégalité parfaite.

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