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Lettre du CEFAL n°65 - juin 2006 - éditorial

AMÉRIQUE LATINE - Un patrimoine de construction évangélique

Mgr Marc Stenger, président du CEFAL

vendredi 30 juin 2006, par CEFAL

On peut affirmer sans crainte
de se tromper qu’aux
origines des événements
politiques et des mutations sociales
qui se produisent aujourd’hui
en Amérique Latine, le catholicisme
y intervient pour une part non
négligeable.

Cela ne devrait pas nous surprendre.
Près de 90 % des Latino-
Américains ont été baptisés par
l’Eglise catholique. Mais l’histoire
récente montre que le catholicisme
a su être aussi un point
d’appui du conservatisme le plus
rigide en matière politique et
sociale. Force est toutefois de
constater que sur ce continent, où
43 % des familles vivent sous le
seuil de pauvreté avec moins de
2 dollars par jour, le catholicisme
est au cœur de cette dynamique
d’émergence de nouvelles donnes
sociales, au bénéfice des hommes
et des femmes pauvres
d’Amérique Latine, qu’on peut
reconnaître actuellement, même
si celles-ci s’affrontent à des forces
contraires.

Il n’y a à cela rien de surprenant,
là où le catholicisme est resté
fidèle à sa mission d’annoncer la
bonne nouvelle libératrice du
Christ. Comme l’écrit Monseigneur
Dominique You, dans son
texte d’appui à la Commission de
la Pastorale de la Terre et au Père
Henri Burin des Roziers qui en est
l’animateur : « L’action évangélisatrice
de l’Eglise avance, à côté
de Notre Seigneur Jésus Christ,
de différentes manières : celle de
la présence auprès des petits et
des humbles, tout particulièrement
de ceux qui souffrent
l’injustice, et avec lesquels Il
s’identifie ; celle de la condamnation
courageuse, accompagnée
d’actions prophétiques, susceptible
d’influencer, pour la renouveler,
la façon de pensée de notre
société… »

Depuis l’assemblé de Medellin
(1968), il y a eu une constante
dans l’affirmation de la nécessité
de la dénonciation et de l’action
évangéliques au bénéfice de ceux
« dont la dignité de personne
humaine est mutilée ».

Il a fallu une génération et beaucoup
de martyrs – nous commémorons
cette année le 30e anniversaire
de la mort en Argentine
du Père Gabriel Longueville et
de son évêque Monseigneur
Angelelli – pour entrevoir un début
de réalisation de cette prophétie
et de renouvellement des modes
de pensée dominants. C’est maintenant
seulement au début du
XXIe siècle que l’Amérique Latine
commence à prendre son destin
en main et essaie d’instaurer un
modèle social qui tienne compte
de son histoire douloureuse et
déchirée. A travers les conférences
des évêques, réunies à
Medellin et à Puebla (1979) et ce
qui s’en est suivi, l’Eglise a proposé
quelque chose d’original et
d’important : une compréhension
du salut, comme de quelque
chose qui n’est pas sans rapport
avec la vie des hommes et
demande à y trouver un commencement
de réalisation dans le
sens de la justice et du partage,
une valorisation de la piété populaire
comme l’expression d’une
richesse de vie et de personnalité,
l’expérience des communautés
ecclésiales de base, images d’une
Eglise constituée par les hommes,
et favorisant leur engagement.

C’est tout ce patrimoine de construction
évangélique qui est la
richesse de l’Amérique Latine et
dont on peut souhaiter qu’il permette
aux peuples du continent
non seulement de faire face aux
nouveaux défis de la mondialisation,
mais aussi qu’il nous provoque
à nos propres questionnements
et renouvellements de
conscience évangélique.

Marc Stenger
Evêque de Troyes
Président du CEFAL.


Comité épiscopal France Amérique latine (CEFAL) - Lettre 65 - juin 2006.

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