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DIAL 3721

PÉROU - Décès de Gustavo Gutiérrez, le père de la théologie de la libération

Frei Betto

jeudi 28 novembre 2024, mis en ligne par Pedro Picho

Le Péruvien Gustavo Gutiérrez, âgé de 96 ans, est décédé mardi 22 octobre à Lima. Ces deux textes lui rendent hommage. Ce premier article, rédigé par le dominicain brésilien Frei Betto, a été publié sur le site Brasil 247 le 23 octobre 2024.


Gustavo Gutiérrez (1928-2024) peut à juste titre être considéré comme le père de la théologie de la libération, car il a été le premier à publier un livre en espagnol avec ce titre, en 1971, [1]. Lui-même n’a pas nié l’importance, pour son ouvrage, de la visite effectuée au Brésil en 1969, quand il a été en contact avec nos communautés ecclésiales de base et a vécu de près la tragédie du meurtre – toujours impuni – du conseiller de la jeunesse de Dom Helder Camara, le père Henrique Pereira Neto, étranglé et abattu à Recife, le 26 mai 1969.

Les fondements de sa pensée

Gustavo a dédié sa théologie de la libération au prêtre assassiné par la dictature et au romancier péruvien José Maria Arguedas. Néanmoins, il n’est pas possible de nier dans son œuvre les racines européennes découlant de l’humanisme intégral de Jacques Maritain, du personnalisme engagé de Mounier, de l’évolutionnisme de Teilhard de Chardin, des dogmatiques sociales de De Lubac, de la théologie du laïcat de Congar, de la théologie du développement de Lebret, de la théologie de la révolution de Joseph Comblin ou de la théologie politique de Metz.

Le Concile Vatican II a créé les conditions pour couper le cordon ombilical qui maintenait la théologie de l’Amérique latine dépendante de l’utérus de la mère Europe. Au début des années 60, la révolution cubaine, l’échec de l’Alliance pour le progrès, la crise du modèle développementiste et la croissance des mouvements de gauche non liés aux partis communistes traditionnels, ont été des facteurs qui ont conduit les théologiens latino-américains à enraciner leur pensée sur le sol sur lequel ils se trouvaient. Il ne s’agissait pas de rechercher des catégories qui permettent de réinterpréter les faits sociaux et politiques, le moteur de la théorie était la pratique des communautés populaires chrétiennes, enracinées dans la lutte pour la conquête des droits – comme elle a transformé le monde, elle a également modifié le modèle de l’Église.

Le changement social et l’ecclésiogenèse sont finalement liés. La construction d’un projet politique alternatif ne laisse pas l’Église intacte, comme si c’était une communauté d’anges planant au-dessus des contradictions qui traversent la société. Le nouvel élément était la prise de conscience faite par les communautés ecclésiastiques de base que l’Église n’est pas seulement le pape ou les évêques, mais le peuple de Dieu sur le chemin de l’histoire. Et la présence de ce peuple croyant et opprimé dans les mouvements sociaux d’Amérique latine a marqué la foi d’un caractère critique qui a donné naissance à la théologie de la libération.

Lors de la septième Conférence internationale de l’Association œcuménique des théologiens du tiers monde (ASETT) à Oaxtepec, au Mexique, en décembre 1986, le théologien noir états-unien James Cone se plaignait que la théologie de la libération latino-américaine était trop blanche. Ce qui est étrange, c’est qu’à côté de lui se trouvait Gustavo Gutiérrez, avec une apparence typiquement indigène : peau brune, visage rond, de petite taille et trapu, avec des yeux légèrement en amandes, ce qui révélait son ascendance quechua. À la maison, son père parlait cette langue de l’ancien empire inca. Cependant, plus que la langue et l’apparence, Gustavo a hérité du style des Amérindiens andins. Cela surprenait quiconque le rencontrait : il combinait – non sans quelques conflits – un esprit doté d’une intelligence rapide et rationnelle, magistrale, et il s’exprimait dans un langage affuté comme un outil de précision, avec une sensibilité qui désarmait tous les modèles de rationalité moderne. En lui coexistait l’intellectuel formé à Louvain, où il avait eu pour collègue Camilo Torres et où il avait défendu une thèse sur Freud, et l’Amérindien de l’altiplano péruvien. Cela lui permettait d’entrer dans une salle de classe sans être remarqué – comme glissant sur ses pieds – ou de rendre visite à son ami Miguel d’Escoto sans que personne d’autre ne s’aperçoive de sa présence à Managua. C’était comme s’il pouvait voyager, non seulement sur des routes accessibles aux voyageurs urbanisés, mais aussi sur des sentiers et avec des morsures que seuls les habitants de la jungle connaissent. Ce don ancestral lui permettait de maîtriser une nouvelle langue, un nouveau champ de savoir, ou de passer par New York, Paris ou Bonn, comme un Amérindien se faufilant entre les arbres et les feuilles, observant sans être observé, rapide comme un oiseau et discret comme un lama.

Le théologien aux conférences de la CELAM, à Medellín et Puebla

Cette caractéristique lui a permis de travailler sur le projet du fameux document de Medellín, approuvé par la Conférence épiscopale latino-américaine en 1968 – un texte qui deviendra fondamental pour la pratique et la théorie de l’Église des pauvres en Amérique latine. À un moment, Gustavo est arrivé à Rome juste au moment où les évêques péruviens discutaient de son travail avec les plus hauts dignitaires de la Curie. Qui pourrait jurer que le texte final, plus favorable que le projet original, n’a pas été réécrit grâce à Gustavo ?

Discret comme un capucin, il se mouvait dans le domaine politique des conflits théologiques avec toute la subtilité d’un jésuite. Bien que son expression ait parfois révélé l’angoisse métaphysique caractéristique des personnes pour lesquelles la ligne étroite séparant la mort de la vie est familière, il n’a jamais paniqué, et son intuition a pu présenter des solutions immédiates à des problèmes compliqués, comme s’il avait médité pendant des années sur une question qui venait de se poser. Il pouvait rester assis pendant des heures sur un banc d’aéroport, écrire un article ou écouter quelqu’un, tout en mordant nerveusement un cure-dent avec ses dents fortes, légèrement séparées. Il donnait toujours des réponses ironiquement amusantes, comme s’il s’agissait d’une devinette.

Lorsqu’il donnait des cours et des conférences, il suivait un plan rigide si soigneusement assemblé qu’il donnait l’impression d’avoir orné son texte. Ses blagues avaient une saveur toute personnelle, parce qu’elles étaient toujours capables de manifester cette rare vertu qui le rendait si charmant : l’humour. Son sens de l’humour lui permettait de garder une distance critique vis-à-vis de tout chose. Il n’admettait pas d’être trahi par l’émotion, parce qu’il savait que rien d’humain ne mérite d’être pris trop au sérieux.

Ses démêlés avec les autorités ecclésiastiques

J’ai vécu avec Gustavo Gutiérrez à Puebla, en janvier et février 1979, lors de la troisième Conférence épiscopale latino-américaine. À cette occasion, son nom, comme celui des autres théologiens de la libération, avait été exclu de la liste des conseillers officiels. Sans accès direct au lieu de rencontre des évêques, de nombreux prélats cependant venaient chercher de l’aide auprès de lui, ce qui le forçait à passer des nuits entières à élaborer des projets et des propositions. Nous étions tous logés de manière précaire dans deux appartements sans mobilier, qui avaient rarement de l’eau et dont les salles de bains manquaient de lumière. Nous avons survécu avec une manne tombée du ciel, parce qu’il n’y avait pas de cuisine et, dans les restaurants de la ville, nous aurions été facilement prisonniers de la presse internationale, toujours à la recherche d’un théologien pour déchiffrer le langage ecclésiastique des textes, ou donner une interview exclusive qui confirmerait la nature rebelle ou hérétique de la théologie de la libération…

Après avoir driblé tous les correspondants étrangers pendant des jours, dans l’après-midi du dimanche 4 février 1979, Gutiérrez a accepté la suggestion du Centre mexicain de communication sociale (Cencascos) d’organiser une conférence de presse à l’hôtel El Portal. Dans ses observations, il a souligné que la théologie de la libération n’avait pas prévu de commencer par une réflexion sur les pauvres. Les pauvres eux-mêmes, agents de transformation historique, ont commencé cette réflexion théologique. L’objectif de la théologie de la libération est de donner aux pauvres le droit de penser et de s’exprimer théologiquement. Plus les journalistes faisaient pression pour qu’il laisse échapper quelque chose qui pourrait ressembler à une hérésie, plus Gutiérrez était fidèle aux pauvres et à l’Église. Il était maître de la réconciliation entre des positions apparemment opposées.

Je l’ai rencontré à différentes occasions, presque toujours dans son bureau de la « tour » de Rimac, un quartier pauvre de Lima. Sans doute l’un des bureaux les plus désordonnés que j’aie jamais vu. Des canettes de Coca-Cola et des livres du Cardinal Ratzinger étaient dispersés et mélangés sur le sol. Il y avait des bouteilles sur des documents du pape, des fils électriques débranchés qui se baladaient sur des papiers poussiéreux. Rien n’indiquait qu’un aspirateur n’y soit jamais passé depuis l’arrivée de Francisco Pizarro au Pérou. Néanmoins, cette confusion avait de la logique pour lui. Il savait exactement où trouver chaque chose. C’était au milieu de cette montagne de documents qu’il dévorait les livres qu’il recevait. Quand il avait faim, il mangeait un casse-croûte quelconque au côté de chômeurs et des employés domestiques.

Gutiérrez a toujours préféré lire plutôt qu’écrire. Il avait sa propre méthode de lecture dynamique, comme s’il était doté d’une antenne qui lui disait quelle était la qualité du contenu d’une œuvre. Écrire pour lui était un accouchement douloureux. Lorsqu’il avait terminé, il admettait que la version finale lui avait demandé des sacrifices. Il a toujours considéré qu’un texte était provisoire, qu’il pourrait le réviser et l’améliorer. Par conséquent, la quasi-totalité de ses œuvres ont commencé sous la forme de conférences polycopiées. Il est probable que l’on découvre de nombreuses œuvres non publiées, connues uniquement par de petits cercles de lecteurs. En général, il ne signait pas ses textes polycopiés, qui incluaient une excellente introduction aux idées de Marx et Engels et les relations qu’ils ont entretenues avec le christianisme.

En janvier 1985, à la veille de la visite du pape Jean-Paul II à Lima, je l’ai rencontré dans la « tour » de Rimac, alors qu’il écrivait une série d’articles liés à cet important événement ecclésiastique. Pendant que nous parlions, Gutiérrez essayait de démêler un long fil de téléphone – qui ressemblait plus à une pelote de laine dans la bouche d’un chat ludique. Il devait toujours s’occuper les mains lorsqu’il se sentait nerveux, soit en étirant un élastique, soit en jouant avec un stylo à bille. Et à cette époque, il avait bien des raisons d’être tendu, car le cardinal Ratzinger avait annoncé une réponse prochaine à la défense que Leonardo Boff avait construite face aux critiques de Rome à propos de son livre Église, charisme et pouvoir. Les fêtes de fin d’année étaient passé et la Curie restait silencieuse. La deuxième « Instruction » sur la théologie de la libération, basée sur une consultation des évêques d’Amérique latine, promise pour novembre ou décembre, n’était pas non plus sortie. Peut-être avait-il été décidé que le pape ferait une déclaration officielle sur place concernant la théologie de la libération. Rien ne pouvait être plus opportun qu’une déclaration lors d’une visite dans le pays natal du père de la théologie de la libération. Gustavo craignait que le pape ne dise quelque chose qui pourrait être interprété comme une condamnation de sa théologie. Cela aurait été désastreux. Malgré cela, il était prêt à quitter la « tour » qui le protégeait du harcèlement de la presse et projetait de se présenter à la rencontre du pape avec les prêtres et les laïcs locaux. Une fois de plus, il semblait certain que, en raison de ses racines indiennes, en tant que personne capable de marcher à travers la forêt sans tirer la nature de son sommeil, sa présence serait discrète comme le brouillard qui recouvre les toits de Lima avant l’aube.

Admirateurs et inspirateurs

Sur le chemin de Cuba, les frères Leonardo et Clodovis Boff et moi-même sommes passés à Lima en fin d’après-midi, le 4 septembre 1985. Nous avons trouvé Gustavo dans la paroisse ouvrière où, avec le père Jorge, directeur de la pastorale ouvrière de Lima, le théologien exerçait un service pastoral. Nous insistions pour qu’il vienne avec nous à La Havane, parce que Fidel Castro avait manifesté un grand désir de le rencontrer. Gustavo fut évasif, objectant qu’un groupe d’évêques péruviens, dirigé par l’archevêque Durán Enriquez, préparaient un manuel critiquant ses écrits, ce qui signifiait qu’il devrait se concentrer sur la production d’une sorte de défense anticipée. Quelque temps plus tard, Gutiérrez a confirmé qu’il n’était pas venu à Cuba à la demande du père Carlos Manuel de Céspedes, alors secrétaire général de la Conférence épiscopale cubaine, qui avait été son collègue à Rome. Le prêtre cubain craignait que la présence du théologien péruvien à Cuba ne soit exploitée politiquement.

Le soir suivant notre visite à Lima, Leonardo, Clodovis, et moi-même avons rencontré Fidel Castro à La Havane. Nous lui avons donné la lettre que le théologien lui avait envoyée. Après l’avoir lu, il a déclaré qu’il venait de lire son livre sur la théologie de la libération et qu’il était impressionné par sa base scientifique et son impact éthique. Il mentionne en particulier l’honnêteté avec laquelle Gutiérrez traite de la question de la lutte des classes et de la dimension de la pauvreté. Et il a ajouté, avec emphase : « Nous devons distribuer des livres comme celui-ci au mouvement communiste. Notre peuple ne sait rien à ce sujet. Il est plus difficile pour vous d’écrire un livre comme celui-ci que pour nous de produire un texte sur le marxisme ». Quelques jours plus tard, Fidel a déclaré, en présence de Don Pedro Casaldáliga, au Brésil, que « la théologie de libération est plus importante que le marxisme pour la révolution en Amérique latine ».

Gutiérrez, le mystique

Mais quiconque pense que la politique a parlé plus fort dans le cœur de Gutiérrez se trompe. Il était avant tout un mystique. Ses livres les plus récents : Le Dieu de la vie ; Job : parler de Dieu à partir de la souffrance des innocents ; La Libération par la foi : boire à son propre puits [2], sont fondamentalement spirituels, ils visent à nourrir la vie de foi et la prière des chrétiens engagés dans les luttes populaires. Pour Gutiérrez, la théologie était secondaire. L’essentiel était de faire la volonté de Dieu par l’action libératrice. Sa vision théologique aiguë captait la présence du Seigneur, solidaire là où il paraît le plus absent, dans la souffrance des pauvres. Cette souffrance a imprégné la vie même de Gustavo, parce que sa santé fragile nécessitait des soins constants. Mais il ne s’est jamais plaint. Il préférait crier pour les pauvres.

Une fois, alors que j’étais avec lui au cours d’été à Lima, durant une journée entière, des milliers de militants de communautés chrétiennes de base étaient venus à la recherche de fondations théologiques. Je me suis rendu compte que Gustavo paraissait triste, même s’il avait présenté son cours avec sa vivacité habituelle. Il y avait comme une ombre sur ce visage qui s’illuminait pourtant par le bonheur d’être entouré de gens simples, pauvres, dédiés à l’utopie du Royaume. Nous parlions, et pas une plainte ne venait de ses lèvres. Ce n’est que plus tard que j’ai appris que sa mère était morte ce jour-là.

Son livre sur Job est une autobiographie déguisée. De ses pages naît la conviction profonde que toute la théologie de la libération découle de l’effort pour donner un sens à la souffrance humaine. Dans la recherche de ce sens, le théologien sait que, comme le dit Clodovis Boff, tout est politique, mais la politique n’est pas tout. La solidarité avec les pauvres ne s’épuise pas dans la cause de la justice ; elle nous conduit à la sphère de la gratuité, où la dépossession spirituelle ouvre la voie à la communion avec Dieu. Tout comme en Amérique latine, la vie de foi ne peut être séparée des exigences de la politique, le projet révolutionnaire devrait trouver dans les mystiques chrétiens le modèle de formation d’hommes nouveaux et de femmes nouvelles. Par conséquent, la théologie de la libération ne peut être accusée d’ignorer la dimension spirituelle par quelqu’un qui ne connaît pas la longue liste d’œuvres qui sont nées de la contemplation et des mains de théologiens et de théologiennes comme Gutiérrez.

Les stigmates divins brûlaient les entrailles de Gustavo Gutiérrez. Il est impossible de saisir toute la profondeur de son inspiration intellectuelle, de son rôle prophétique et de son âme mystique sans connaître ces trois Péruviens qui sont à la racine de son génie : José Carlos Mariátegui, César Vallejo et surtout José María Arguedas. Du Mariátegui communiste, auteur du classique Sept essais péruviens, Gutiérrez apprend la technique du cannibalisme culturel nécessaire pour latino-américainiser tout le bagage théorique de ses années d’études à Rome, en Belgique, en France et en Allemagne. Du poète César Vallejo, auteur de Trilce, poésie aussi importante pour la littérature moderne qu’Ulysse [3], il a hérité de la lamentation nostalgique de la créature qui souffre devant le silence du Créateur : « Mon Dieu, si Tu avais été humain aujourd’hui, Tu serais capable d’être Dieu » (« Los dados eternos »). « Je suis né un jour où Dieu était malade » (« Espergesia »).

Cependant, la plus grande influence a été celle du romancier José María Arguedas, avec qui Gutiérrez était ami, et à qui il a rendu hommage dans beaucoup de ses conférences et écrits. Il est significatif qu’il ait choisi, comme épigraphe de son œuvre Théologie de la libération, une page du livre Todas las sangres [4] de cet auteur quechua, et plus particulièrement celle dans laquelle le sacristain indien de Lahuaymarca dit au prêtre : « Votre Dieu n’est pas le même. Il fait que les gens souffrent sans consolation… »

« Dieu pourrait-il être dans le cœur de ceux qui ont défiguré le corps de l’innocent Mestre Bellido ? Dieu pourrait-il être dans le corps des ingénieurs qui ont tué Esmeralda ? Dans le cœur des autorités qui ont exproprié les cultivateurs de ce champ de blé où, à chaque récolte, une vierge avait l’habitude de jouer avec son cher petit ? »

En novembre 1981, j’ai rencontré Gustavo à Managua. À ce moment-là, au milieu des discussions théologiques avec les dirigeants sandinistes, pour tenter de les aider à comprendre les différentes positions des chrétiens vis-à-vis de la révolution, a commencé à naître ce qui deviendra plus tard son livre sur Job. Il soulève la question fondamentale et interroge : comment pouvons-nous parler de Dieu au milieu de tant d’oppression ? Si nous voulons faire de la théo-logie, parler de Dieu, dit-il, nous devons d’abord nous taire devant Dieu. De ce silence, qui entoure les cœurs des pauvres, naît la sagesse.

Au couvent de Lima, où Gustavo, mon confrère dans l’Ordre dominicain, est passé dans une autre vie, le 22 octobre 2024. Il répète désormais assurément avec Job : « Avant je te connaissais seulement par ouï-dire, maintenant je te vois de mes propres yeux. »


 Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3721.
 Traduction et intertitres de Pedro Picho.
 Source (portugais du Brésil) : Brasil 247, blog de Frei Betto, 23 octobre 2024.

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[1Teología de la liberación : Perspectivas (Lima, 1971). Ce livre ne sera traduit en français qu’en 1974. Cependant un opuscule polycopié avait paru en français en 1972, aux éditions Profac des Facultés catholiques de Lyon sous le titre : Essai pour une théologie de la libération – NdT.

[2Traductions françaises : Le Dieu de la vie (Cerf, 1986) ; Job : parler de Dieu à partir de la souffrance des innocents (Cerf, 1987) ; La Libération par la foi : boire à son propre puits (Cerf, 1985) – note DIAL.

[3James Joyce, Ulysses [Ulysse en français], Paris, Shakespeare and Company, 1922 (Gallimard, 1929 pour la traduction française) – note DIAL.

[4Traduction française : Tous sangs mêlés, Paris, Gallimard, 1970 – note DIAL.

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