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BOLIVIE - Evo Morales expulsé du MAS ? Le Tribunal électoral a reconnu Grover García comme président du parti
Boris Acosta Reyes
samedi 30 novembre 2024, mis en ligne par
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27 novembre 2024 - Le Tribunal suprême électoral (TSE) de Bolivie a reconnu Grover García comme représentant du Mouvement vers le socialisme (MAS), en remplacement de l’ex-président Evo Morales, fondateur de cette organisation politique qu’il a présidée pendant un quart de siècle.
Le TSE a validé ainsi une décision judiciaire qui a validé le Congrès du MAS organisé par le secteur qui soutien l’actuel président de la nation, Luis Arce.
Dans un communiqué, le Tribunal constitutionnel a indiqué que « sont considérés valides tous les actes exécutoires, y compris le Congrès national du MAS-IPSS du 3 au 5 mai 2024, convoqué par les organisations fondatrices actuellement actives ainsi que les positions assumées ».
Grover García a exprimé ses remerciement et approuvé le décret constitutionnel qui entérine la légalité de la nouvelle direction du MAS-IPSP et a déclaré « nous avançons ensemble dans une démarche d’unité, de reconstruction, de reconduction et de réconciliation de l’Instrument politique et de l’État plurinational de Bolivie »
La réponse d’Evo
De son côté, l’ex-président Evo Morales a déclaré qu’il « est honteux qu’à coup de décrets inconstitutionnels et illégaux, on prétende s’approprier l’Instrument politique qui a demandé tant d’années pour se construire et qui est le plus grand du pays avec plus d’un million de militants ».
Selon Evo, le changement de Direction imposé par le TCP « met en évidence qu’en Bolivie n’existe pas de sécurité juridique ni d’État de droit. La nouvelle présidence du TCP est le résultat de polémiques et de décisions illégales qui privent totalement les Boliviens de défense juridique et politique », a publié Evo Morales sur les réseaux sociaux.
« Nous faisons face à une situation critique selon laquelle les instances constitutionnelles privent de leurs attributions l’Assemblée législative et l’Organe électoral par le biais d’un Tribunal constitutionnel soumis au gouvernement en échange d’intérêts politiques et économiques », a déclaré l’ex-président.
Grover García
« La justice est faite pour les organisations sociales. Maintenant notre instrument politique est à nouveau dans les mains des organisations sociales », a dit Grover García, qui selon les autorités boliviennes, est le nouveau responsable du MAS .
García s’est déclaré « satisfait et privilégié » de se voir confier par les organisations la direction nationale du parti qu’il conduira, a-t-il assuré, selon le dénommé « pacte d’unité », regroupant des syndicats paysans, indiens et ouvriers, partisans de l’Exécutif que préside Luis Arce.
Evo annonce de nouvelles manifestations
On sait depuis assez longtemps en Bolivie que la rupture entre l’ex-président Evo Morales et celui qui a été son ministre de l’économie et actuel président, Luis Arce, est totale et irréversible.
Lors d’une réunion au Tropique de Cochabamba, les mouvements sociaux qui soutiennent Evo Morales ont décidé la semaine dernière de se mobiliser à La Paz pour défendre la candidature de leur représentant et l’ont confirmé à la présidence du MAS.
Les luttes pour la candidature à la présidence et le contrôle du MAS ont aggravé les divisions au sein de l’officialisme qui remonte à la fin de 2021, après un désaccord entre Morales et Arce.
Santa Cruz profite de la situation
Alors que la division du parti au pouvoir s’approfondit à l’extrême et que le jour même où a été connue la décision du TCP concernant la conduite du MAS, des secteurs, en lien avec les dirigeants de la droite à Santa Cruz de la Sierra, ont appelé à bloquer les accès au centre de la ville par un « Encerclement » pour protester contre la crise économique et le manque d’approvisionnement en diesel.
Selon des médias d’opposition « des centaines de citoyens de Santa Cruz » se sont mobilisés pour exiger « un changement des politiques publiques et des élections anticipées à celles qui sont prévues en 2025. Des représentants de divers secteurs et institutions, y compris le gouvernement départemental et le Comité pro Santa Cruz y ont participé « affichant leur mécontentement généralisé contre le gouvernement », ont-ils déclaré.
Jusqu’où l’opposition désunie pourra-t-elle tirer parti de ce conflit sans issue entre Evo Morales et Luis Arce, c’est la grande interrogation du moment.
Boris Acosta Reyes est un sociologue et journaliste bolivien, collaborateur du Centre latino-américain d’Analyse stratégique (CLAE, www.estrategia.la).
Traduction française de Françoise Couëdel.
Source (espagnol) :
https://estrategia.la/2024/11/27/evo-morales-fuera-del-mas-tribunal-electoral-reconocio-a-grover-garcia/.