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DIAL 3500

Communiqué du premier Congrès de pastorale des peuples originaires du Mexique et d’Amérique latine

samedi 29 juin 2019, mis en ligne par Dial

Le premier Congrès de pastorale des peuples originaires du Mexique et d’Amérique latine s’est tenu du 7 au 11 août 2018 à Mérida, dans le Yucatán (Mexique). Nous publions ci-dessous la traduction du communiqué diffusé à la fin du Congrès et publié sur le site du Conseil épiscopal latinoaméricain (CELAM) le 16 août 2018.


À nos sœurs et frères des peuples originaires du Mexique et d’Amérique latine
À nos autorités traditionnelles, ecclésiales et civiles
À ceux qui luttent pour le bien de l’humanité et de la Terre Mère

Paix et bien !

Le Dieu, Seigneur du Proche et du Lointain, Cœur du Ciel et Cœur de la Terre, est avec nous en cette heure de grâce, qui est un temps de changements profonds.

Provenant des quatre horizons de notre Maison commune dans ce continent appelé Amérique, nous nous sommes réunis du 7 au 11 août 2018 sur les terres du Mayab [1]. Nous étions 550 personnes pour rendre présents nos peuples originaires du Mexique, du Guatemala, d’El Salvador, du Panamá, de Colombie, d’Équateur et d’Argentine, accompagnés des pasteurs de nos Églises, pour témoigner de la vie et des luttes des peuples indiens et pour encourager l’accompagnement pastoral de ces luttes et la floraison des Églises autochtones.

Ce congrès s’est réalisé à l’occasion de la commémoration des 25 ans de la rencontre de SS Jean-Paul II avec les ethnies de notre continent, et pour inaugurer les treize années de préparation qui nous séparent de la célébration des 500 ans des événements de Guadalupe [2].

Partageant notre vie dans ce premier Congrès de pastorale des peuples originaires (et afromexicains) convoqué par la Pastorale des peuples originaires de la Commission épiscopale de pastorale sociale de la Conférence de l’épiscopat mexicain, avec l’Archidiocèse de Yucatán et la Province franciscaine San Felipe de Jesús, au sud-est de Mexico, nous constatons la richesse de notre diversité de langues, cultures et traditions religieuses qui manifestent les façons qui nous sont propres de comprendre et de vivre avec Dieu, avec les autres êtres humains et avec la Terre Mère. Mais, avec ces fleurs et ces chants qui donnent sens à notre vie, nous découvrons aussi les épines qui remplissent de douleur et de tristesse notre cœur.

Les clameurs de la nature et des pauvres ont résonné en nous et nous sommes prêts, comme Église, à les assumer dans notre action pastorale et à nous unir à leur lutte pour la défense de la vie des peuples et de la Terre Mère.

Certes, nous reconnaissons que nous avons fait des avancées importantes, mais elles ne sont pas à la mesure de ce qu’exigent les peuples et les signes des temps.

Nous qui sommes ici réunis, nous avons été témoins et victimes du modèle globalisant néolibéral, aggravé par la corruption et la violence, qui est un projet de mort ; ses mégaprojets extractivistes [3] sont les formes les plus modernes et agressives de la spoliation, de l’exploitation et du rejet qui détruisent les biens de la création, les connaissances ancestrales traditionnelles et le tissu social des peuples. Ajoutons à cela la répression et la violence qui se sont déchaînées contre les leaders communautaires, qui sont autant de crimes de lèse-humanité qui clament vers le ciel.

Comme membres des peuples originaires et comme pasteurs de l’Église catholique nous dénonçons cette situation comme un péché extrêmement grave qui exige conversion et réparation pour atteindre la paix et le pardon. En même temps, nous annonçons la grâce et l’espérance qui fleurit dans la lutte de nos peuples, avec lesquels nous sommes frères et pour lesquels nous voulons être prophètes et pasteurs d’espérance.

Nous nous engageons aux actions suivantes :
 Récupérer, en les affirmant et en les renforçant, les valeurs culturelles et spirituelles qui se sont perdues ou affaiblies au sein de nos peuples ;
 Assurer la continuité des processus de libération et d’inculturation en reconnaissant les semailles de Dieu et la culture de la religion populaire de nos peuples ;
 Nous éduquer mutuellement depuis la famille, les communautés et les peuples en acceptant que les gens forment leurs pasteurs pour le bien-vivre entre nous, avec la Terre Mère et avec Dieu ;
 Agir comme Église particulière autochtone dans l’unité de la foi à l’intérieur de la diversité des charismes, services et cultures ;
 Intervenir dans la société avec la foi, la sagesse ancestrale et la participation citoyenne sur les politiques publiques, en connaissant et en utilisant les lois qui concernent la cause indienne et en proposant des actions concrètes avec lesquelles nos peuples continuent d’affronter leurs problèmes et détiennent une vie digne, une vie en abondance ;
 Nous organiser comme peuples et comme Église pour défendre et développer la vie et lui faire atteindre sa plénitude.

Au nom de tous les participants, nous signons ci-dessous en priant Tonantzin [4] Teocoatlaxiuhpe de continuer à nous accorder tout son amour, sa tendresse et son aide, comme à saint Cuauhtlatoatzin [5], afin de réaliser les engagements qui émanent de ce Congrès.

Depuis l’Université mariste de Mérida, Yucatán, au Mexique, le 10 août 2018

Fr. José de Jesús González Hernandez, OFM
Évêque prélat de Jesús Maria, El Nayar
Responsable de la pastorale des peuples originaires et afromexicains
Commission épiscopale pour la pastorale sociale (CEPS)

Rogelio Narváez Martínez, prêtre
Secrétaire exécutif
Commission épiscopale pour la pastorale sociale (CEPS - Caritas mexicaine).


 Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3500.
 Traduction d’Alain Durand pour Dial.
 Source (espagnol) : Conseil épiscopal latinoaméricain (CELAM), 16 août 2018.

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[1Nom en langue maya de la péninsule et de l’État du Yucatan au Mexique – note DIAL.

[2Il est fait ici référence aux apparitions de la Vierge qui, selon la tradition, se seraient produites en 1531, et qui donnent toujours lieu à un culte important rendu au Mexique et en Amérique latine à Notre-Dame de Guadalupe - note DIAL

[4Il s’agirait à l’origine du nom d’une déesse aztèque signifiant « notre mère », qui a été ensuite utilisé pour désigner la Vierge de Guadalupe. Le célèbre missionnaire franciscain et historien Fray Bernardino de Sahagun (1500-1590) dans son Histoire générale des choses de la Nouvelle Espagne y voit une expression à bannir car recouvrant à ses yeux une référence idolâtrique. Aujourd’hui, on y voit plutôt une « indianisation » remarquable de la foi chrétienne – note DIAL.

[5Il s’agit de celui que l’on appelle aussi saint Juan Diego, le voyant de la Vierge de Guadalupe, qui est aussi le premier Indien à avoir été canonisé – note DIAL.