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HONDURAS - Coup d’État et contre-coups, de ripostes en ripostes
Mabel Marquez / La Jornada en línea / Alba TV
jeudi 30 juillet 2009, mis en ligne par
27 juillet 2009 - Cela fait 29 jours que le Front de résistance contre le coup d’État est en lutte, et certains de ses dirigeants se trouvant dans la capitale ont tenu dimanche 26 juillet une réunion dans les locaux du Syndicat des travailleurs des boissons et assimilés (STIBYS), situés dans la zone des Brisas de Comayagüela, à Tegucigalpa. Mabel Marquez, La Jornada en línea, Alba TV, 26 et 27 juillet 2009 [1].
L’appel a été lancé samedi après-midi par la Commission nationale du Front afin de trouver des accords et de définir les actions à réaliser au cours de la semaine à venir. Celui-ci a été couronné de succès puisque plus de 5.000 personnes se sont présentées au rendez-vous, venant de différentes régions du pays. Lors de cette réunion, la commission a pris les décisions suivantes :
– Poursuivre la lutte. Demain, lundi 27 Juillet 2009, à 8h00 du matin, le point de rencontre se situe en face de l’Université pédagogique Francisco Morazán, ensuite nous irons bloquer les routes de la capitale. Ailleurs dans le pays, les actions seront similaires dans nos villes et villages respectifs.
– Les mobilisations se feront à l’échelle nationale, et des routes seront également bloquées.
– En ce qui concerne la Fédération des organisations d’enseignants du Honduras, elle se réunira cet après-midi et décidera de ses actions. Ses représentants n’étaient pas présents à cette réunion et ce sont eux qui décident.
– Rappelez-vous les trois revendications fondamentales pour lesquelles nous poursuivons notre lutte : la première est la restauration de l’ordre constitutionnel, la seconde est le retour du Manuel Zelaya à la présidence du pays, et la troisième est la mise en place d’une l’Assemblée Nationale Constituante.
Après que les dirigeants sociaux aient tenu lecture de ces accords, les camarades présents ont été invités à se joindre aux obsèques de Pedro D. Muñoz Salvador, ce jeune qui a donné sa vie pour notre combat, et qui a été assassiné ce matin par la police nationale par plus de 40 coups de couteau dans la ville de Danlí à El Paraiso, d’après des témoins oculaires, alors qu’il était en train de manifester.
Là-bas, de nombreux camarades sont encore présents, et ce depuis trois jours. Ils ne peuvent pas bouger car la police et l’armée ne les laissent pas se rendre vers le poste frontière de Las Manos [2]. Dans cette zone, le gouvernement putschiste maintient l’état de siège et des couvre-feux en permanence, de telle sorte que les manifestants ne peuvent ni avancer ni rentrer chez eux.
Par ailleurs, les personnes présentes à cette réunion ont été encouragées à se rendre au siège de Radio Globo pour y amener des vivres qui puissent être acheminés aux camarades encerclés par l’armée et la police dans l’est du pays et qui sont en train de mourir de faim. Il a également été demandé à ce que des personnes se rendent à l’ambassade du Venezuela au Honduras afin d’accompagner et de se solidariser avec les diplomates vénézuéliens qui sont réprimés par ce gouvernement putschiste.
Après la mi-journée, alors que le cortège qui devait se rendre aux obsèques était sur le point de quitter les lieux, un bruit sourd a surpris tous ceux qui étaient dans les locaux du syndicat. Une bombe venait d’exploser et certains camarades ont vu des policiers prendre la fuite à toute vitesse. Leur intention est d’intimider la population. Après avoir entendu l’explosion, les personnes sont sorties, abasourdies et effrayées. Une patrouille de police est immédiatement arrivée sur les lieux pour enquêter sur les faits. Mais nous avons qu’ils ne feront rien puisque ce sont eux-mêmes qui commettent ces attentats contre le peuple
Mais ce n’est pas tout. Quelques minutes plus tard, alors que les camarades accompagnaient les membres de la famille à l’enterrement du jeune Pedro, trois membres de la Direction Nationale des Enquêtes Criminelles (DNIC) ont été aperçus, infiltrés dans la foule. Ces trois agents étaient fortement armés et habillés en civil. Lorsque ces délinquants ont été repérés, la colère est montée dans les rangs, ils ont été poursuivis et arrêtés, avant d’être remis aux forces de police. Il a été très compliqué de convaincre certains de ne pas agresser ces trois agents, car ils étaient furieux que ces scélérats aient empêché le bon déroulement des obsèques de ce jeune martyr, qui aurait dû être enterré avec tous les honneurs qu’il méritait. Cet incident n’a heureusement pas dégénéré, grâce à l’intervention de certains dirigeants, parmi eux Rafael Alegría [3] ; cela a permis d’éviter des débordements et le pire a pu être évité.
Par ailleurs, le dirigeant du Conseil civique des organisations indiennes du Honduras (COPINH), Salvador Zúñiga, a indiqué dans la matinée qu’il se trouvait proche du poste frontière de Las Manos depuis quelques jours, accompagné de plusieurs membres de son organisation et d’autres membres de la communauté noire du Honduras. Il a signalé qu’ils étaient poursuivis par des militaires honduriens alors qu’ils se trouvaient dans les montagnes, à 4 kms de la frontière [4]. D’après La Jornada [5], après s’être rendu quelques heures au Nicaragua, un groupe d’environ 200 personnes, avec à sa tête Salvador Zúñiga et Berta Cáceres du COPINH, ainsi que Alfredo López, de l’Organisation fraternelle noire du Honduras (OFRANEH), a été arrêté par l’armée une fois revenu au Honduras. Le Comité des familles de disparus du Honduras (COFADEH) a annoncé que le groupe de détenus avait été transféré dans des camions militaires vers la ville de Danlí. Cette information a été confirmée par des journalistes de l’Agence Bolivarienne d’Information (ABI) s’étant rendus au poste de police de Danlí, où ils ont pu vérifier que les dirigeants de la COPINH étaient détenus, accompagnés de femmes et de mineurs [6].
Aujourd’hui lundi 27 juillet 2009, le Honduras en est à son quatrième jour de grève nationale.
[1] Ce texte est la traduction d’extraits des trois articles, « Capturan tres infiltrados en entierro del joven asesinado el sábado », de Mabel Marquez, « Ejército hondureño detiene a dirigentes y simpatizantes zelayistas, denuncian », publié par La Jornada en línea, et « Detenido Rafael Alegría por la dictadura de Micheletti », publié par Alba TV. Traduction : Info Sud Télé. http://infosud.tele.free.fr/
[2] Dans cette région, les villes de El Paraíso au Honduras et Las Manos au Nicaragua, marquent la frontière entre les deux pays.
[3] Rafael Alegría est un des dirigeants du Front de résistance contre le coup d’État. Il a participé à la fondation du Parti d’unification démocratique en 1992, organisation qui regroupe une bonne partie de la gauche hondurienne. Il a été secrétaire général de la Commission de coordination des organisations paysannes du Honduras. Il a été membre du Secrétariat international de Vía Campesina.
[4] Toutes les informations qui précèdent sont tirées de la traduction de l’article de Mabel Marquez, de Vía Campesina Honduras. Voir « Capturan tres infiltrados en entierro del joven asesinado el sábado », Minga Informativa de Movimientos Sociales, 27 juillet 2009. Consulté sur http://www.rebelion.org.
[5] Voir La Jornada en línea, « Ejército hondureño detiene a dirigentes y simpatizantes zelayistas, denuncian », 26 juillet 2009. http://www.jornada.unam.mx.
[6] Voir Alba TV, « Detenido Rafael Alegría por la dictadura de Micheletti », 26 juillet 2009. http://www.albatv.org.