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Lettre du CEFAL n° 69 - juin 2007

AMÉRIQUE LATINE - « Aparecida » dans le contexte des autres conférences du CELAM

Père Philippe Kloeckner

samedi 30 juin 2007, mis en ligne par CEFAL

Le mois de mai nous a tenus en haleine, avec la V° conférence du CELAM. Quinze années se sont écoulées depuis la Conférence de Santo Domingo. Quinze longues années, pourrions-nous dire. En effet, c’est la plus grande durée entre deux conférences (même s’il y a eu un Synode des Amériques, à Rome en 1997, assemblée qui a un statut consultatif et non délibératif). Rappelons-nous Medellin en 1968, Puebla en 1979, Santo Domingo en 1992. Ce qui nous donne des espaces de plus en plus grands entre chaque conférence (11 ans, 13 ans et 15 ans). Faut-il en conclure qu’il y a moins de raisons de se réunir ? ou bien que les difficultés sont moins nombreuses ? ou encore que d’autres modes de résolution des problèmes se sont mis en place ?

Laissons ces questionnements pour observer l’intérêt d’une telle rencontre. Préparée depuis quelques années, elle a bien eu lieu. La maladie et la mort de Jean-Paul II avaient compliqué quelque peu l’organisation d’un tel événement. Fort heureusement, l’assemblée s’est déroulée aux dates prévues, en terre latino-américaine, au Brésil alors que les synodes ont lieu à Rome. De plus, le pape Benoît XVI est venu honorer de sa présence les évêques et le peuple latino-américains.

La prière est centrale dans les communautés ecclésiales de base

La préparation

Cette V° assemblée a permis, à bon nombre de pays, de se mettre en marche pour une préparation plus ou moins poussée selon les diocèses. On a pu apprécier, ici ou là, des documents préparatoires d’excellente qualité montrant tout un processus de réflexion et une forte mobilisation de l’ensemble des chrétiens ; on citera l’excellent document de la conférence des évêques du Brésil. Ce document peut servir à beaucoup pour continuer et élargir la réflexion.

Les craintes préalables

De nombreuses craintes ont surgi, au milieu de grandes espérances, avant la réalisation de la Conférence d’Aparecida. Est-ce que la mobilisation avait été suffisante ? Avait-on osé toucher les vraies questions ? Le travail de synthèse n’aurait-il pas trop épuré les propositions ? Certaines graves questions ne seraient-elles pas éliminées ? La synthèse générale ne donnerait-elle pas un document insipide ? Le choix des évêques participant à cette assemblée a concentré beaucoup d’intérêt. Il faut bien reconnaître que, depuis Medellin, un grand renouvellement des évêques s’est opéré.

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La réunion elle-même

Alors qu’en France, nous étions dans la période électorale, avec la fièvre que nous avons connue, la V° conférence s’annonçait sans trop de publicité. Ce qui intéressait le plus les médias a été, sans nul doute, le voyage de Benoît XVI au Brésil, avec le moment solennel de l’ouverture de la session. Il y eut beaucoup de reportages sur le pape et par voie de conséquence sur la conférence, sur la réalité du continent et sur le Brésil qui accueillait les participants.

De nombreuses délégations moins officielles ont pu glaner des nouvelles que l’on n’obtenait pas à la salle de presse qui diffusait les informations avec son filtre habituel. Il en ressort que les débats auraient été assez sereins, dans l’ensemble, permettant ainsi un bon travail des dossiers.

L’environnement de la conférence

Un peu comme dans la plupart des forums mondiaux, la Conférence d’Aparecida s’est vue littéralement envahie par une grande diversité de groupes intéressés par la Conférence, mais aussi désireux de faire connaître leur action, leur pensée. Une espèce de Conférence parallèle semblait avoir lieu. C’était tout un bouillonnement, à proximité du sanctuaire. Les évêques sont passés ici ou là. Ils ont pu participer à certains débats. D’autres ont donné des interviews. Les tentes et les stands ont ainsi apporté une couleur originale, au milieu de la gravité des sessions des évêques. Cette présence donnait par certains côtés une allure plus latino à l’ensemble de la rencontre. Elle permettait aussi des commentaires plus libres par le fait d’être à l’extérieur de la Conférence.

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Le document final

Nous avons lu, avec joie, le document final qui nous a donné un aperçu des travaux et une direction. La volonté de continuer la transformation de l’Eglise en Amérique Latine et aux Caraïbes ressort très nettement. Ce document rassure aussi en mettant en évidence les acquis des précédentes conférences.

Quelques impressions

Il semble évident, que malgré les tensions entre les différentes « sensibilités » ecclésiales des évêques, la grande richesse de la méthode du « voir, juger, agir » n’a pas été effacée mais bien au contraire mise à l’honneur. On constate donc, comme base de travail, la méthode qui avait déjà fait ses preuves à Medellin. Son enracinement n’est plus à mettre en doute.

Deux autres points d’attention montrent la continuité d’ « Aparecida » avec les précédentes Conférences. Ce sont ceux de « l’option préférentielle pour les pauvres » et aussi « les communautés ecclésiales de base ». Ces deux aspects forts du continent, qui ont déjà enrichi toute l’Eglise, demeurent bien présents dans l’ensemble du document final.

Si la théologie de la libération n’est pas, explicitement, mentionnée, en lisant le document nous observons bien qu’elle est partout sous-jacente. Se vérifie particulièrement ici le fait que l’on en parle moins, mais qu’en réalité, elle est mise en pratique dans les communautés chrétiennes.

Le CELAM à Cuba

La réunion du CELAM qui se tient à Cuba, en juillet 2007, suite à la Conférence, doit pouvoir faire des propositions pour la mise en œuvre des décisions. Il faut trouver des propositions pratiques, réalistes et efficaces pour la vie, sans cesse renouvelée, de cette Eglise en Amérique Latine. Nous suivrons avec attention toutes les propositions qui seront faites.

Et nous ?

Le « Pôle Amérique Latine » souhaite, lui aussi, avec tous les missionnaires sur place, ouvrir de nouveaux chemins à la suite du Christ pour un service plus proche de nos frères Latinos. Notre réunion des délégués, à Salvador de Bahia au Brésil, en janvier 2008, travaillera avec les apports de tous et fera elle aussi des propositions dans le cadre de ce nouvel élan. Bonne suite d’ « Aparecida » à tous.

Père Philippe Kloeckner
_Responsable du « Pôle Amérique Latine ».


Lettre du CEFAL n°69 - juin 2007.

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