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GUATEMALA - Mouvement pour la libération des peuples
Ollantay Itzamná
mercredi 17 avril 2019, mis en ligne par
Lundi 25 mars 2019.
Au Guatemala, comme dans d’autres pays où vivent les oubliés du Continent, on pense que les peuples sont coupables de leur pauvreté. On pense que les riches sont bons et que les pauvres sont mauvais. On pense que l’État doit être géré uniquement par des blancs riches, et que les pauvres ne peuvent aspirer qu’à influer accidentellement sur la politique.
On pense que les riches ont le droit de gouverner et les pauvres l’obligation de voter. Quiconque ose remettre en question l’ensemble des principes qui fondent et soutiennent le Guatemala officiel et ses institutions étatiques est durement puni.
Dans ce contexte de domination mentale et spirituelle, indiens et paysans, se sont organisés en communautés en résistance. Bravant l’apolitisme que l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et la dépendance aux ONG, avaient imposés à l’imaginaire collectif de ses subordonnés, après les Accords de Paix, ils ont décidé de disputer le pouvoir aux riches. Un fait sans précédent au Guatemala.
Candidats élus par les communautés organisées
Le rituel électoral guatémaltèque avait habitué les citoyens à la présence de candidats en costume cravate, aux portraits retouchés par Photoshop, descendant d’hélicoptères, apportant des cadeaux aux pauvres et contraints de s’endetter pour postuler comme candidats. Le système électoral des partis politiques s’était imposé comme un montage commercial digne d’une d’entreprise.
Ce rituel électoral qui dure depuis deux cents ans est, de toute évidence, perturbé par la présence gênante de l’instrument politique des laissés pour compte, intitulé Mouvement pour la libération des peuples (MLP), actuellement en campagne électorale dans la perspective des prochaines élections du 16 juin.
Ses candidats sont des défenseurs des droits
Au sein du MLP, presque tous les candidats sont des défenseurs des droits et préalablement élus par leurs communautés organisées. Aucun d’entre eux n’a payé pour présenter sa candidature.
Les membres des communautés en résistance peignent leurs maisons, achètent leurs teeshirts, dessinent leurs banderoles, paient leur frais de déplacement et de bouche au cours des actions collectives.
Tandis que les partis de la droite et de la gauche traditionnels présentent leurs candidates et candidats selon les canons de l’esthétique occidentale hégémonique, les candidats du MLP s’affichent selon une esthétique populaire. Tandis que les partis traditionnels se soutiennent, en dépit de leurs échecs, exhibent leur formation académique, celles et ceux du MLP se présentent comme des défenseurs des droits. Certains ont des diplômes mais ils ne les évoquent même pas dans leur présentation.
Ce sont non seulement les visages du peuple authentique des candidates et candidats du MLP qui attirent l’attention mais aussi les trois engagements éthiques qu’ils professent : anticorruption, (ils ont renoncé à l’immunité), transparence (ils ont renoncé au secret bancaire), austérité (salaire maximum de fonctionnaire public, équivalant à 5 salaires minimum).
Processus constituant et État plurinational
Ils organisent leurs réunions et leurs meetings, non seulement sans qu’on leur offre à manger ou que leur déplacement soit payé, mais également sans brandir le drapeau national. Toutes et tous revendiquent impérativement la création d’un État plurinational qui passerait par un processus constituant. Ils se proposent de revoir les contrats de privatisation des biens et des services dans le but de les nationaliser. Ils militent pour la restitution des terres, des territoires, de l’eau, aux paysans et aux communautés pour la production d’aliments.
Le MLP représente un vrai danger et un défi pour tous les partis traditionnels, de droite comme de gauche, habitués à vivre des profits qu’ils tirent de l’administration publique. Personne ne sait avec certitude quel poids représentera le choix électoral pour cette organisation politique lors des prochaines élections. Ce qui est certain c’est qu’en moins de 10 jours de campagne électorale deux membres du MLP ont été assassinés (l’un d’entre eux candidat municipal).
Blog de l’auteur : https://ollantayitzamna.wordpress.com/.
Traduction française de Françoise Couëdel.
Source (espagnol) : https://ollantayitzamna.wordpress.com/2019/03/25/movimiento-para-la-liberacion-de-los-pueblos/