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Hugo Chávez : « Parfois j’ai l’impression de parler à des pierres. Personne ne prend note. C’est comme parler au vent »

VENEZUELA - Le président Chávez secoue de nouveau le gouvernement et l’invite à accélérer la transformation de l’État

Thierry Deronne

lundi 7 décembre 2009, mis en ligne par Thierry Deronne

30 novembre 2009 - C’est depuis la commune d’El Maizal, ex-latifundio de 2.236 hectares abandonnés par les grands propriétaires mais récupérés par le gouvernement national que le président Chávez a réalisé son Aló Presidente numéro 344. Sur ces terres seront produits 900 kilos de haricots par hectare, a-t-il expliqué. Le terrain couvre 35 kilomètres carrés, 21 conseils communaux pour 21 secteurs (12 conseils communaux de l’État de Lara + 9 de l’État de Portuguesa) qui travaillent la terre et fortifient le système productif.

« Je demande a l’assemblée de revoir toutes les lois, sans exception, pour améliorer les droits des travailleurs et du peuple. Sans s’arrêter face aux pressions des divers lobbies, y compris syndicaux, qui négocient avec les patrons. Par exemple les HCM, ces assurances de santé pour les travailleurs qui sont presque égales au budget de la santé publique... je parle de toutes ces mafias privées qui s’en mettent plein les poches, je parle de la bourgeoisie financière des assurances privées... Le plus grave c’est que nous sommes ceux, gouvernement, ministres, qui signons des contrats avec ces entreprises privées. Alors qu’avec tout l’argent qu’on leur donne on pourrait construire des Centres de diagnostic intégral (CDI), donner des logements décents aux médecins cubains... Ces pratiques, ces intérêts, je sais que dans l’État il y a des gens qui en profitent. Et souvent les lois ont servi à régulariser et à couvrir ces vols, il faut en sortir enfin ! Je demande leur aide au parti, aux délégués, à l’Assemblée nationale. Parfois depuis Caracas je dois approuver des ressources additionnelles pour réparer un CDI ou pour qu’on y installe des ampoules, ce n’est plus possible. Ici comme dans les autres cas, il faut refaire les lois, changer tout ça, récupérer notre budget public, je veux un décret là-dessus très vite. »

« Quand je vous parle, quand je parle aux ministres, aux fonctionnaires, parfois j’ai l’impression de parler au vent, personne ne prend note, comme s’il n’y avait pas de notes ni de mesures à prendre demain matin. “C’est comme parler aux pierres” disait ma grand-mère. Comme s’il ne s’agissait pas, à chaque instant, de transformer l’État bourgeois, bureaucratisé en État social, en État communal ».

« Prenez l’exemple de l’insécurité. Nous venons de créer la police communale, un corps nouveau, une police humaine, du XXIe siècle, respectueuse des droits de l’homme. Mais le jour où le peuple disposera totalement du pouvoir, le jour où il dominera rue par rue, quartier par quartier, on n’aura même plus besoin de police communale. Face à toute cette délinquance, face à ce fléau, rien ne peut se faire sans le peuple. Même si nous devons utiliser nos armes quand cela est nécessaire pour protéger les citoyen(ne)s, c’est au peuple organisé que revient la faculté essentielle de neutraliser les ventes de drogue, le crime organisé, les ventes illégales d’alcool, les lieux de prostitution, c’est l’intelligence sociale qui permettra d’agir avec le plus d’efficacité y compris vis-à-vis des policiers délinquants. »

« Conclusion, il faut accélérer le transfert du pouvoir des mairies, des gouvernements régionaux, de l’État en général, au pouvoir populaire, et les écoles du pouvoir populaire sont essentielles. Si les connections ne sont pas faites il faut les faire. Le problème n’est pas que les maires qui ne le font soient des contrerévolutionnaires non, parfois c’est le problème du manque de coordination. Mais il faut créer ce pouvoir, cet État communal. Il ne s’agit pas de l’extinction immédiate de l’État mais de sa transformation en État communal. »

« C’est pourquoi je vous demande de vous former sans repos car sans idée nous n’obtiendrons rien. Pas de révolution sans théorie. Des idées, des idées, des idées. Ces outils que vous étudiez dans des écoles de porte-paroles populaires, multipliez-les. C’est en vous que se trouve le combustible, la chair, les nerfs de la révolution, au-delà du parti. Le parti doit être le moteur et il peut donner forme aux fronts de masse, aider à mobiliser ceux qui ne peuvent devenir militants à plein temps pour diverses raisons, Mais c’est le pouvoir populaire qui sera déterminant sous toutes ses formes, pour transformer l’État bourgeois en État communal. »


Traduction : Thierry Deronne, pour www.larevolucionvive.org.ve.

Première publication : http://www.larevolucionvive.org.ve/spip.php?article878.

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