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DIAL 2642

AMÉRIQUE LATINE - La continuité l’emporte dans les élections au Paraguay et en Argentine.

Isaac Bigio

vendredi 16 mai 2003, mis en ligne par Dial

Deux élections présidentielles ont eu lieu fin avril en Amérique du sud. En Argentine, l’ancien président Carlos Menem est arrivé en tête du premier tour, mais avec très peu de chances de l’emporter au second tour. Au Paraguay, Nicanor Duarte est élu président. Dans les deux cas, les candidats des partis au pouvoir l’emportent. Article d’Isaac Bigio, paru dans ALAI le 28 avril 2003.


Le dimanche 27 avril, deux des quatre membres du MERCOSUR [1] ont procédé aux élections présidentielles. Les vainqueurs appartiennent aux partis au pouvoir.

En Argentine, on a seulement voté pour la présidentielle. Un second tour sera nécessaire (le 18 mai) pour trancher entre les deux candidats péronistes : Carlos Menem, ancien président qui a dirigé le pays pendant une décennie (1989-99), et Néstor Kichner, dauphin de l’actuel président Eduardo Duhalde.

Au Paraguay, 45 sénateurs, 80 députés et 17 gouverneurs ont été élus. Les colorados se sont maintenus au pouvoir, dont personne n’a pu les déloger depuis 1947, bien qu’ils n’aient pas obtenu de majorité parlementaire. Nicanor Duarte a obtenu 37 %, dépassant d’environ 15 % ses deux autres concurrents.

Duarte a promis que les colorados non seulement continueraient à être le parti qui est resté le plus longtemps au pouvoir dans le monde sans interruption, mais qu’il gouvernera le Paraguay pendant plus d’un siècle. Il affirme que les colorados sont une religion civile dans laquelle milite la moitié de la population adulte, alors que « l’opposition n’a personne ».
En Argentine, les péronistes seront réélus et leurs trois candidats ont cumulé 60 % des votes. Le seul parti qui est toujours entré en compétition avec eux (les radicaux) s’est effondré.

Duarte projette de maintenir des entreprises publiques et de renforcer le MERCOSUR en l’intégrant à la Communauté andine [2], voulant faire un bloc sud-américain. Menem, gagnant du premier tour en Argentine, est un partisan de la privatisation à outrance ; il accorde plus d’importance à la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) qu’aux accords économiques sud-américains. Kirchner entend continuer la politique économique d’encouragement à la production nationale et aux exportations, et envisage une meilleure relation avec le MERCOSUR que ce serait le cas avec une administration ménémiste.

Les colorados comme les péronistes ont fait l’objet de nombreuses accusations de corruption tout au long de leur histoire. Si Menem ne revenait pas au Palais présidentiel (Casa Rosada), il pourrait retourner en prison si les procès à son encontre aboutissaient. Kirchner affirme que lui n’a aucun antécédent de corruption et, tout comme Duarte, il dit qu’il sera dur en matière de moralisation.

Kirchner va chercher à mobiliser le vote du refus contre Menem, qui est accusé par ses ennemis d’avoir mené une politique d’abandon et de démission. En revanche, Menem l’accuse de vouloir maintenir le même laxisme face aux piqueteros [3] et une politique économique semblable qui n’encourage pas énergiquement l’investissement étranger.


Paraguay : un pays en crise

La situation qui attend le président élu est dramatique. Le pays traverse la pire crise économique de son histoire. L’inflation accumulée entre janvier et mars a atteint 7 % et le Produit intérieur brut (PIB) a diminué de 2,7 % en 2002. Le chômage atteint 15 % de la population et le sous-emploi 22 %, tandis que 34 % des 6 millions de Paraguayens vivent dans la pauvreté.

À cela s’ajoute un déficit fiscal de 3,2 % du PIB et une dette extérieure qui dépasse les 2,3 milliards de dollars.

Malgré les graves problèmes économiques et sociaux, les élections ont eu lieu normalement, bien que n’aient pas manqué des accusations de fraude. Selon les accusations de la presse, quelques heures avant l’ouverture des urnes, des agents politiques du parti au pouvoir offraient 100 000 guaranis (15 dollars) pour chaque vote dans les quartiers pauvres d’Asunción.

La corruption a été une pratique constante du gouvernement sortant du président Luis González Macchi (1999-2003) qui a manqué d’être destitué en février pour malversations et mauvais usages de ses fonctions.

Au plan parlementaire, les choses ne seront pas non plus faciles pour le nouveau président. Bien que le parti au pouvoir ait perdu la majorité au Sénat en obtenant seulement 18 des 45 sièges, il aura une large majorité parmi les 80 députés élus.

Duarte fera serment le 15 août pour un mandat de cinq ans.

IPS, 6 mai 2003


 Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 2642.
 Traduction Dial.
 Source (espagnol) : ALAI, 28 avril 2003.

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[1Marché commun du sud de l’Amérique, composé de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay, avec le Chili et la Bolivie comme membres associés.

[2Regroupant Bolivie, Colombie, Équateur, Venezuela et Pérou.

[3Chômeurs qui bloquent les routes.

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