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CHILI - De moins en moins d’eau

Noticias Aliadas

mardi 30 avril 2019, mis en ligne par Dial

Le Chili fait partie des pays du monde qui sont et seront les plus touchés par le réchauffement climatique. Cet article, publié le 24 mars 2019 sur le site de Comunicaciones Aliadas, analyse les effets du changement climatique sur les ressources hydriques.


Les ressources hydriques ont diminué de plus d’un tiers en trois décennies du fait du changement climatique.

Le Chili a perdu au moins 37% de ses ressources hydriques dans les 30 dernières années, selon le dernier Bilan hydrique national, réalisé en 2017 par La Direction générale des eaux, qui dépend du ministère des travaux publics.

« Le réchauffement global a diverses conséquences, l’une est que la température de la planète augmente, mais une autre de ces conséquences est que la distribution de la pluie est perturbée et, ceci, en particulier au Chili sud et central qui entrent dans cette catégorie » a déclaré à la presse Roberto Rondanelli, ingénieur civil en chimie de l’Université du Chili et expert en météorologie.

Conformément aux dires de Rondanelli les précipitations dans la zone centrale du pays ont diminué au rythme de 5% par décennie depuis un demi-siècle et si ce rythme se maintient à la fin du siècle on peut s’attendre à une réduction de 30%.

L’organisation internationale The Nature Conservancy, qui se consacre à la conservation de la biodiversité et de l’environnement, affirme qu’une des zones les plus touchées par la surexploitation des sources en eau est ce que l’on appelle « la Méditerranée » chilienne, qui couvre 20% de la superficie du pays, où vit 75% de la population et qui, en outre, constitue le cœur agro-pastoral de la nation.

« Le Chili possède l’une des cinq écorégions méditerranéennes du monde ; ses hivers tempérés et ses étés secs et chauds offrent des conditions idéales pour l’agriculture et autres activités de production », indique-t-elle. « Comme beaucoup de régions méditerranéennes, elle est confrontée au défi d’avoir moins d’eau alors que la demande augmente. Mais elle a souffert aussi d’une surexploitation des affluents, ce qui est dommageable pour l’écologie de ses vallées hydrologiques et met en danger la nature, la biodiversité et les habitants. »

« Le changement climatique a entraîné des événements climatiques extrêmes, dont des sécheresses, l’érosion des terrains, des inondations et des incendies de forêts qui ont porté atteinte à la nature, aux centres urbains et à la population dans son ensemble. C’est évident comme nulle part ailleurs dans la vallée du Maipo, au centre du pays », ajoute la Nature Conservancy. « Le fleuve Maipo naît sur le versant occidental du volcan qui lui donne son nom, et descend depuis la cordillère des Andes jusqu’à l’océan Pacifique. Son bassin versant fournit 80% de l’eau consommée à Santiago, la capitale, les secteurs agricoles et industriels, qui représentent pratiquement la moitié du produit intérieur brut du Chili, dépendent aussi de son cours ».

Une Cordillère sans neige

Précipitations hivernales et dégels dans la cordillère alimentent en eau le Maipo ; son débit moyen est de 92,3 m3/s. Du fait de l’augmentation de la température, la neige fond prématurément, ce qui a pour conséquence que le débit des rivières augmente en période de pluies et qu’elles s’assèchent en été. Des experts prévoient qu’avant 2070 la disponibilité en eau du Maipo se réduira de 40% à cause de la fonte des glaciers.

« Au Chili l’hydrologie dépend en grande partie de la neige qui tombe sur la cordillère. Si elle ne dépendait que des précipitations dans les vallées, Santiago n’aurait très probablement pas suffisamment d’eau pour alimenter ses activités de production ou la consommation humaine » a indiqué Rondanelli.

Selon l’Index général de risque climatique 2019, établi par l’organisation non gouvernementale allemande Germanwatch, le Chili occupe la 16e place parmi les pays du monde les plus touchés par le changement climatique. Il compte sept des neuf caractéristiques de vulnérabilité face au changement climatique définies par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques : zones côtières de basse altitude ; zones arides et semi-arides couvertes de forêts et exposées à la déforestation ; zones insulaires de petite dimension ; exposition aux phénomènes naturels ; zones exposées à la sécheresse et à la désertification ; zones urbaines ayant des problèmes de pollution atmosphérique et zones aux écosystèmes fragiles, comme les glaciers, dont la fonte a induit un problème de raréfaction de l’eau.

Francisco Cereceda, professeur titulaire au département de chimie de l’Université technique Federico Santa María, située à Valparaisoo, et directeur du Centre de technologies de l’environnement, a confirmé que la zone centre-sud du pays sera parmi les plus touchées par le changement climatique.

« La zone centre-sud est confrontée à la fonte des glaciers, à la désertification et la rareté des ressources en eau, à l’augmentation des températures avec les « vagues de chaleur », à la fréquence de plus en plus grande des incendies de forêts, produits de la combinaison mortifère 30+30+30 (30% d’humidité, 30° de température et 30 m/s de vitesse du vent) étant donné que cette combinaison forme des conditions optimales pour faire naître des incendies, qui sont le phénomène le plus visible pour la population » a- t-il déclaré.

Aux changements hydrologiques s’ajoute l’exploitation minière qui a détruit les glaciers qui maintiennent l’équilibre hydrique et climatique des bassins versants par leur apport en eau aux rivières, lacs et nappes souterraines. 70% des 18 millions d’habitants du pays s’approvisionnent à l’eau qui provient des hautes régions des Andes.

De nombreuses concessions et exploitations minières se trouvent dans des régions pauvres en eau, comme c’est le cas du désert d’Atacama, à l’extrémité nord du pays.

Pour Roberto Moncada, porte-parole du Mouvement de défense pour l’accès à l’eau, la terre et la protection de l’environnement, le Chili vit une crise hydrique « qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire du pays. Et cette crise est intimement liée à un modèle de développement basé sur la spoliation des biens naturels communs, un modèle de développement qui n’hésite pas à s’approprier l’eau au détriment de la vie des communautés ».


 Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3490.
 Traduction d’Annie Damidot pour Dial.
 Source (espagnol) : Comunicaciones Aliadas, 24 mars 2019.

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