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DIAL 2730 : Dossier Enfance et Pauvreté

GUATEMALA - 747 enfants et jeunes gens assassinés dans la ville de Guatemala en 2003

mercredi 16 juin 2004, mis en ligne par Dial

Les chiffres sont parfois tellement saisissants qu’il suffisent à eux seuls à indiquer l’extrême gravité d’une situation. Tel est bien le cas du nombre d’enfants et jeunes gens qui ont été assassinés en 2003 dans la ville de Guatemala. C’est là un des aspects les plus frappants de la violence et de la pauvreté dont souffrent les enfants. A part l’invocation des grandes explications habituelles, il faut savoir que peu d’informations précises existent sur ces meurtres, en raison du manque d’enquêtes disponibles, ce qui est un signe du peu de cas fait du sort subi par ces enfants. Texte en date du 12 mars 2004 diffusé par Casa Alianza, organisation indépendante, dédiée à la réhabilitation et la défense des enfants de la rue au Guatemala, Honduras, Mexique et Nicaragua.


Pendant 2003, le Programme d’aide juridique de Casa Alianza dans la ville de Guatemala a recensé un total dramatique de 747 enfants et jeunes gens de moins de 23 ans assassinés – soit 282 de plus que le total de 465 cas en 2002.

La moyenne mensuelle était de 62 homicides d’enfants et jeunes gens dans un pays ayant une population d’à peine 11 millions de personnes. Toutes les victimes n’étaient pas des enfants ou jeunes gens sans abri, mais presque tous étaient pauvres.

Sur ceux qui ont été assassinés l’année dernière, 691 étaient de sexe masculin (93%) et 56 de sexe féminin (7%). Les statistiques montrent que 229 victimes (30,6%) étaient des enfants âgés de moins de 18 ans.
Le reste du total était composé de jeunes âgés d’au moins 18 ans, mais ayant moins de 23 ans, âge maximal des personnes dont s’occupe Casa Alianza. Le nombre de victimes féminines a aussi augmenté en comparaison de 2002 : 56 au lieu de 31.

« Casa Alianza suit ces cas avec beaucoup d’attention, mais tout comme au Honduras, le niveau d’impunité pour meurtres est très élevé. Les pays qui n’assument pas leur obligation de punir les responsables de meurtres d’enfants doivent être blâmés au plan international » dit Bruce Harris, le directeur régional en Amérique latine pour Casa Alianza.
Au Guatemala, l’année 2003 a commencé par un mois de janvier violent, qui allait conduire à 11 autres mois d’atrocités. 53 meurtres furent commis pendant les quatre premières semaines de l’année. Juin et mai furent les deux mois les plus sanglants avec 71 et 68 meurtres respectivement.

En mars, une fille de 15 ans et une jeune femme de 20 ans furent tuées avec un couteau, instrument rarement utilisé dans ce type de crimes, car les armes du crime sont le plus souvent des armes à feu.
En avril 2003, quatre jeunes de 14 et 15 ans furent tués et pendant ce mois le Programme d’aide juridique de Casa Alianza au Guatemala a enregistré 59 meurtres d’enfants et jeunes gens.

En août, divers hommes non identifiés ont poignardé à mort Juan Ventura Tash, qui avait juste 7 ans. En septembre, le nombre de victimes de meurtres âgées de 12 à 14 ans a augmenté dans les secteurs où il y a le plus de conflits.

Jonathan Culajay, 11 ans, a reçu une blessure fatale par balle en octobre 2003 dans le secteur de Mixco, une banlieue de la ville de Guatemala. En novembre, le même sort a atteint trois petits enfants âgés de 1, 2 et 8 ans. Ce fut le mois dans lequel le plus grand nombre d’enfants de moins de 7 ans ont été assassinés. Le nombre d’attaques à l’encontre d’enfants de moins de 18 ans s’est accrû de 40% en octobre par rapport aux mois précédents. En décembre, le nombre d’enfants âgés de 13 et 17 ans qui ont été assassinés a augmenté de 48% par rapport aux 10 premiers mois de l’année.

La Commission nationale des droits humains a signalé que certains des jeunes corps montraient des signes de torture, caractéristiques de certaines techniques d’interrogation. « Le nettoyage social » est une des explications données pour les meurtres, cependant, en raison du manque d’enquêtes - et même du peu de motivation pour cela - on sait peu de choses sur les coupables.

« Cette enquête et ce recueil de statistiques sur les meurtres d’enfants au Guatemala ont été mis en œuvre grâce à un accord de coopération entre Casa Alianza et la Commission nationale des droits humains, qui a des bureaux régionaux dans tout le pays, qui facilitent la collecte des données » a précisé Arturo Echeverría, le directeur national de Casa Alianza Guatemala.

« Maintenant nous demandons à la police civile nationale, au ministère public et au pouvoir judiciaire d’intervenir en fonction de ces informations et d’assumer leur responsabilité en enquêtant sur ces meurtres, en présentant les preuves rassemblées et en condamnant les responsables » a ajouté Echeverría.

Actuellement, la reconnaissance du coupable n’a lieu que pour moins de 5% des meurtres commis au Guatemala.

Les présidents du Guatemala, du Honduras et d’El Salvador sont d’accord pour attribuer les assassinats aux bandes de jeunes, ou maras, mais sans apporter de preuves. Cet argument dénué de fondement a justifié des politiques répressives contre ces groupes. Toutefois, la violence continue.

Tous les pays centraméricains ont ratifié la Convention des droits de l’enfant des Nations unies. Il ne manque plus que son application.

Casa Alianza, 30 avril 2004

Pour plus d’informations, entrez en contact avec Leonel Dubon à Casa Alianza, Guatemala (+502-433-9600 ou : media chez casa-alianza.org).


 Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 2730.
 Traduction Dial.
 Source (espagnol) : Casa Alianza, 12 mars, 2004.

En cas de reproduction, mentionner la source francaise (Dial) et l’adresse internet de l’article.

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