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Opinion

Serait-ce l’heure du Venezuela ?

Germán Gorraiz López

mardi 5 avril 2022, mis en ligne par Françoise Couëdel

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18 mars 2022 - Après avoir imposé de fortes sanctions à la Russie, les États-Unis ont organisé la visite surprise d’une délégation au Venezuela, pour tenter ainsi d’obtenir la stabilité énergétique pour la plus grande puissance mondiale.

La crise ukrainienne pourrait provoquer un changement de stratégie des États-Unis car l’Administration de Joe Biden étudie la possibilité d’appliquer au Venezuela la stratégie de la carotte. Celle-ci supposerait le relâchement des restrictions actuellement en vigueur sur le pétrole vénézuélien dans le but de revitaliser cette activité, moteur de l’économie vénézuélienne, et d’annuler l’interdiction par Trump d’importer du diésel nécessaire au maintien de la chaîne de transport de marchandises et de fournitures médicales.

Les États-Unis auraient réhabilité Juan Guaido en l’échange de son engagement de s’impliquer dans la formation d’un Gouvernement de Transition incluant des personnes faisant consensus, tant de l’opposition que du chavisme, qui devra préparer de nouvelles élections Législatives et Présidentielles pour 2023. La feuille de route aurait été élaborée au cours de réunions discrètes entre des représentants du Gouvernement et des interlocuteurs de l’opposition, en s’appuyant sur la médiation de la délégation du Royaume de Norvège et dont les premières avancées ont eu lieu au Mexique sous les auspices d’AMLO. Ces négociations étaient suspendues depuis le mois d’octobre après l’extradition vers les États-Unis d’Alex Saab mais les États-Unis ont annoncé récemment qu’ils seraient disposés à revoir leur politique de sanctions contre le Venezuela si le Gouvernement vénézuélien renouait le dialogue avec l’opposition.

Après l’imposition de fortes sanctions de la part des États-Unis sur la Russie, sur décision de Biden, nous assistons à l’interdiction de l’importation de pétrole russe, qui représente en fait 8% du total de pétrole importé par les États-Unis. C’est dans ce contexte qu’a eu lieu la visite surprise à Maduro d’une délégation états-unienne aux fins de préserver la stabilité énergétique des États-Unis.

Le pétrole brut vénézuélien est lourd comme le russe, raison pour laquelle le pétrole du Venezuela serait l’alternative énergétique selon Biden pour compenser le manque de brut russe car le Venezuela aurait la capacité de produire environ 3 millions de barils jour. Mais les sanctions imposées par les États-Unis ont entrainé l’obsolescence des installations pétrolières vénézuéliennes et une réduction drastique de la production quotidienne qui est descendue actuellement jusqu’à 800 000 barils par jour.

Après cette réunion, Maduro a demandé la reprise immédiate de dialogue avec l’opposition, au Mexique, tout en annonçant, en signe de bonne volonté, la libération de Gustavo Cárdenas, ex gérant de Citgo (filiale aux États-Unis de PDVSA), ainsi que du Cubano-États-Unien Jorge Alberto Fernandez suivi de tous les autres, de ceux qu’on appelle les 6 de Citgo. En conséquence, nous serions à la veille d’une véritable négociation après les élections locales et celles des gouverneurs, du 21 novembre, ceux qui ont déterminé la nouvelle répartition du Pouvoir local au Venezuela, avec une nette victoire du madurisme après l’obtention de la victoire dans 8 états, en plus de la capitale, contre 3 obtenus par l’opposition.

Dans ces négociations seront envisagées la libération des prisonniers, la levée des sanctions sur les dirigeants maduristes, la reprise de l’aide humanitaire et l’établissement d’un agenda pour les élections à tenir en 2023. Dans le cas où se dérouleraient avec succès les nouvelles phases des contacts, et que les élections auraient lieu en 2023, nous assisterions au début d’une nouvelle étape pour le Venezuela qui signifierait la renaissance de son industrie pétrolière, son acceptation par la communauté internationale et l’accès à un rôle actif sur la nouvelle scène géopolitique mondiale qui se dessinerait après la crise ukrainienne.


Traduction française de Françoise Couëdel.

Source (espagnol) : https://www.alainet.org/es/articulo/215153.

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